samedi, décembre 30, 2006

Voir mourir Saddam

Et finir l'année en douceur...
Se jeter dans l'ouate.
Ne pas se poser de question.

Il y a 364 jours, il ne neigeait pas non plus. Il devait y avoir le même ciel gris au dessus de nos têtes et un peu de ce vent qui brûle les joues. Sans doute avais-je le nez qui coule, comme aujourd'hui.

Mais je ne sais plus.
Je ne me souviens pas.

Entre temps, tant de choses...



Je souhaite que 2007 ressemble à cette photo.
Délicieuse année à tous!

mardi, décembre 19, 2006

Obsession Cathodique

Hier, j'ai pensé que Knokke-Le-Zout était un peu le Newport Beach de la côte belge (comment ça "moins glamour"?) Ce matin, je constaté que Wezembeek-Oppem tendait vers ça aussi. Cet après-midi, j'ai vu Caleb Nichols dans le métro (il a pris un peu de panse, suite à l'abus de bières belges). Et ce soir, j'ai souhaité très fort me retrouver à la place d'Anna (ou de Summer, dans un avenir proche).

A présent, je crois que je dois me rendre à l'évidence... J'ai un problème.

(A part ça, j'aime vraiment BEAUCOUP les gens qui m'ont offert cette maudite série dont je tairai le nom pour éviter que d'innocents lecteurs ne sombrent avec moi... "Amis", on a dit, hein? Mouais...)

jeudi, décembre 14, 2006

Ceci est une fiction

Mercredi 13 décembre, 21h...

Ostende souffle son haleine humide sur le petit personnage décoiffé, perdu dans l'immensité sombre de la plage. L'homme se surprend à frissonner... Que, diable, fais-je ici? De glaciales pensées le traversent, qu'il balaye à coups de pieds dans le sable. Il a ôté ses chaussures sans trop y croire. Se tremper les orteils dans les vagues de décembre, n'est-ce pas un peu osé?

A des kilomètres de là, une petite fille blottie sous une couette frissonne, elle aussi... Son doudou s'est endormi avant elle. Assise au pied du lit, sa maman chante doucement pour la rassurer. Mais rien n'y fait. Marine ne dort pas. Il y a toujours ce bruit derrière le carreau... La forêt ardennaise qui se contorsionne sous les rafales hivernales. Ces grincements... Marine n'aime pas ça. La voix maternelle a beau rebondir sur les murs de la chambre, elle ne couvre pas complètement les cris du dehors.

Au même moment, je rentre tranquillement chez moi. Ou, du moins, j'essaye... Car mon tram vient de s'arrêter non loin de Stockel, sans raison apparente. Autour de moi, il se murmure que des flamingants auraient déposé des barrières sur les rails pour empêcher les Bruxellois d'entrer en terre flamande. J'ai du mal à y croire... Notre chauffeur appelle ses supérieurs hiérarchiques et le temps qui s'écoule lentement fait naître en moi une sourde angoisse qui gonfle, gonfle, gonfle, sans que je sache exactement pourquoi. Mesdames et messieurs, je vais vous demander de quitter le véhicule. Je frissonne. La Flandre vient de déclarer son indépendance. Je refrissonne. Ce tram ne peut plus continuer son chemin. Je pense à la bière française, aux frites françaises, au chocolat français... Et je frisonne une nouvelle fois.

L'homme pousse des petits cris aigus en hommage à l'orteil courageux qu'il vient de tremper dans l'eau. Son gsm a vibré dans sa poche. C'est sûrement elle... Il fouille son manteau de manière fébrile, trouve son téléphone, lui sourit quelques instants et se met à jurer. C'est tout ce qu'elle a à me dire, cette conne? De rage, l'homme envoie valser son gsm dans l'eau, le plus loin qu'il peut, avant de s'éloigner en courant. Il n'est déjà plus qu'une petite tâche sombre lorsqu'une vague altruïste vient ramèner sur la plage un téléphone inutilisable, sur l'écran duquel on peut encore lire un message. Enigmatique. België is gebarsten! Kijk naar de RTBF!

Marine vient de fermer les yeux et sa mère, soulagée, s'est écroulée devant la télé. Elle n'a pas compris tout de suite ce qu'elle a vu sur son écran. François De Brigode, sinistre... Un tram bloqué par des indépendantistes flamands? Anvers en liesse? Elle s'est sentie frémir. Les yeux rivés sur la télévision, elle n'a pas vu que Marine s'était relevée et qu'elle s'approchait d'elle. Quand celle-ci est venue se blottir dans ses bras, c'est à peine si elle a réagi... Qu'est-ce qui se passe, maman? Elle n'a pas trouvé les mots pour répondre à sa fille, ni l'énergie pour bloquer les larmes qui s'accumulaient au bord de son oeil. Quand elle s'est emparée de son gsm, elle pleurait...

J'ai refusé de sortir du tram. Je pensais à mes cours de Néerlandais, à notre excursion à Louvain, à mes vacances en bord de mer et à mon grand père, militaire. Je pensais au kitsch et au surréalisme, au compromis à la belge, à l'autodérision, à la musique de mon adolescence. Je pensais aux films wallons, à mes amis flamands, à mon appartement bruxellois... Je ne suis pas la seule à avoir refusé de bouger, je crois. Quand les flics sont apparus, je les ai à peine regardés. Secouez-moi, menacez-moi d'arrestation, de procès, de prison, je m'en fous... Mademoiselle? J'ai relevé la tête vers le jeune homme qui m'interpellait. Vous allez bien? Mon mutisme hagard a dû sincèrement l'inquiéter. Il s'est approché de moi et a posé une main pleine d'empathie sur mon épaule. Vous savez... Cette histoire, c'était... juste une blague. Une fiction. J'ai jeté un coup d'oeil par la fenêtre. Dehors un caméraman hilare félicitait un journaliste visiblement content de lui. Mademoiselle? Vous m'avez entendu?

Si je l'ai entendu?

Godverdomme, oui!

mardi, décembre 12, 2006

Coup de chiffon


Depuis quelques jours, malgré le temps abominexcrécrable qui fait dégouliner mes fenêtres, j'ai comme une sensation de printemps...
Et une furieuse envie de passer la serpillère.

Ce blog a beau être tout moi, il lui arrive de se tromper. De s'engager dans des voies qui me dépassent. Un brin trop nostalgiques.

Alors, aujourd'hui, je change... Je reprends ma toile, mes pinceaux et j'efface l'ombre encore imposante de Paris Basmati.

Dorénavant, je vous l'annonce: Bru-FleurDe-Sel existe par lui même! Il a les odeurs de coriandre du marché du midi, le son musical des marteaux piqueurs de Flagey et les couleurs kitsch de la grand place ennoëlée.

Youhouuu! :)

dimanche, décembre 03, 2006

I guess I've always been a dreamer
(with a dirty mind)

A peine avais-je posé les pieds sur les pavés du marché du Midi que je l'ai sentie pointer doucement. La nostalgie. Un euro les mandarines! Un euro! On ne contrôle pas ces trucs-là... Je me suis plongée dans les allées noires de monde, imprégnées de l'odeur des fruits et des cris des marchands qui alpaguent le passant. J'ai erré comme une âme perdue. A la poursuite d'un souvenir. Venez gouter mes mandarines! Veeenez! A hauteur des salades, j'ai pensé à faire demi-tour. Mais j'avais dit à M. que j'irais voir. Alors, je voulais. Voir... J'ai promené un regard vide sur les premières échoppes, à la recherche de stands intéressants. Jeans, pulls, sous-vêtements. Ne pas se laisser emporter par cette putain de tendance nostalgique! Jouer avec elle... S'amuser. Comme je le fais si bien. Comme je prétends que je le fais si bien. Au rayon sous-vêtements, j'ai rencontré des chaussettes : 7 paires pour 5 euros. Je ne suis finalement pas venue pour rien... J'ai pris le sac, tendu mon billet et j'ai tourné les talons.

Je réapprivoise Bruxelles pas à pas. A moi l'hiver et les guirlandes de Noël se reflétant sur les pavés humides. A moi l'envie d'écrire, celle de photographier. A moi l'envie d'aimer. Je nique la nostalgie.

samedi, novembre 18, 2006

Vamos a bailar

Des photos ratées faute d'appareil, des projets de films en gestation éternelle, un roman bloqué à la troisième page et des langues à apprendre, un jour, peut-être... Sans parler de tous mes posts en retard. Ma vie, en ce moment, se conjugue au futur incertain. "Bientôt... Quand j'aurai le temps... Demain!(peut-être...)"

En attendant, les jours s'écoulent sans que je sache exactement comment. Mon héroïque sac à dos trône toujours dans ma chambre. Ca fait quatre jours, à présent... Quatre jours que je suis rentrée et que je le regarde sans me décider à le vider. Je ne parviens plus à revenir, ces temps-ci, je crois...



Je rêve de Barcelone, de ces journées si longues et si courtes à la fois. Lascives. Passées à ne penser à rien. De ces nuits d'absynthe, de ces matins pourris par les hurlements de la perceuse et le toc-toc-toc des talons aiguilles. De ces moments résolument présents. Sans futur. Sans incertitude. Sans rien.

Je rêve de départs...
Paris, Venise, Koudougou, Budapest,
Berlin, Buenos Aires, Londres, Puna.

Et Bruxelles, dans tout ça?
Bruxelles...
Je sais pas.

mardi, novembre 07, 2006

Entre temps...

Mélie, la petite fée, a retrouvé mon post perdu...
Le voici:

J'ai mis leur ancienne clé dans ma poche, un peu troublée par le pouvoir qu'elle me procure sur l'inconnu qui a investi les lieux, et me suis éclipsée sans un mot. Elle est pas mal, ma ville, avec l'hiver tapi au coin des rues. Mignonne. Emouvante sous les rayons timides du soleil de novembre... Je crois que c'est pour des moments comme ceux-là que je suis revenue. Pour ces conversations murmurées, à la lueur de bougies Ikea. Avec la chicha, les bières et la guitare. Avec la migraine qui menace de ressurgir à chaque instant mais qu'on balaye à coups de rires, de projets et de Jean-Paul II en buste.

Je suis un peu perdue, parfois, quand je pense à demain. Et à hier... A cette époque, vaguement artificielle mais heureuse et toute proche, où demain n'avait pas la moindre importance. A présent, je ne peux m'empêcher de me demander ce que l'hiver me réserve. Et ce que moi, je réserve à l'hiver. J'ai un peu peur, je crois... Je ne contrôle plus grand chose.

En rentrant, je suis passée par un bureau de tabac où j'ai acheté un billet de lotto. Quand je l'ai glissé dans ma poche et que mes doigts ont effleuré la clé, je lui ai subitement trouvé une nouvelle fonction.
Clé du bonheur...
Pourquoi pas?

[EDIT: HumHum... Après résultats du lotto, je peux dire que si l'argent fait le bonheur (mais tout le monde sait que ce n'est PAS DU TOUT le cas ;-), ma clé est encore mal réglée. *soupir*]

lundi, novembre 06, 2006

Les saisons passent mais, de grâce...
Faisons semblant qu'elles se ressemblent (bis)

M'enfin!

Ci-gît un post que j'avais mis trente minutes à écrire (ce qui, me connaissant, est assez court mais bon... Quand même! Zut, quoi!) sur ma ville, l'hiver tapi aux coins des rues, le fait de fumer la chicha, l'avenir, le passé, les bougies Ikea, Jean-Paul II, la peur, le lotto et la clé du bonheur (qui est aussi celle du voisin du dessus, en Suisse (sisi, ce que je raconte est très sensé, je vous assure...))

Il a été diffusé sur ce site pendant quelques jours et puis brusquement plus, sans la moindre raison logique...

Fuck internet.
Et paix à son âme.

mardi, octobre 17, 2006

Quand je suis seule chez moi le soir
J'ose être quelqu'un dans mon miroir

Des journées trop longues, à ne pas faire grand chose...
Des soirées trop courtes... à ne pas faire grand chose non plus. Et des nuits à dormir. Jamais assez.

Est-ce cela qui nous attend, dans le "monde du travail"?
Peut-être... J'me console avec de petits plaisirs très ponctuels mais formidablement excitants. Dans le métro, surtout. Les sourires troublants et troublés d'un charmant inconnu, la surprise photogénique d'un homme face à la bouteille de coca qui a roulé depuis le bout du wagon pour atterrir à ses pieds ou encore la conversation téléphonique d'une jeune fille livrant à son amie ses impressions sur le garçon qui vient tout juste de lui dire aurevoir...

Y a pas à dire, c'est beau, une ville, quand ça vit.

mardi, octobre 10, 2006

Vif exclusif, et trop émotif

En ce moment, ça chuchote un peu dans tous les sens, ça râle pas mal, ça stresse beaucoup… mais ça rit aussi. Et puis, ça bosse, ça réfléchit, ça proteste, ça s’enthousiasme. C’est beau, l’information en train de s’écrire… Ca fait une semaine, à présent, que je suis plongée dans une rédaction en plein travail et voilà ce qui en ressort : la beauté. Comme d’habitude. Comme à chaque fois que j’ai eu l’occasion de pénétrer les coulisses du quatrième pouvoir… Je m’amuse beaucoup, depuis une semaine. Je suis une fantastique observatrice. Mais je reste en retrait… J’aurais aimé être sociologue, parfois. Ca sert à rien mais c’est génial. L’observation des relations humaines élevée au rang de métier ! Le journalisme a un côté chiant (et chieur) parce qu’il nécessite qu'on s’implique constamment. Faut des nerfs, pour ça. Moi, j’ai plus les yeux et les oreilles. Je ne crois pas que les gens comme moi soient souvent journalistes.

Non…
Les gens comme moi sont sociologues…
Ou écrivains.
Ou cinéastes.
Mais journalistes?

J'sais pas...

dimanche, octobre 08, 2006

Success Story

Cette fois, c'est sûr: le monde est mal fait!
Je plais aux vieilles dames...

En allant voir ma grand-mère, tout à l'heure, je faisais l'unanimité dans les couloirs de la maison de repos. Quelle jolie gamine! (et à ma mère) Vous ne la garderez plus très longtemps, vous savez! Tu parles... Est-ce parce qu'elles ne voient pas beaucoup de jeunes dans ces couloirs-là? Ou à cause de mon style très années 40? Toujours est-il que j'ai un succès fou! Et pas qu'à la maison de repos. Je me souviens de la déclaration d'amour dont m'a gratifiée une mamie un jour. Dans le tram...

Youpie!

By the way, do you have Zoe's number?














En sortant du cinéma, j'ai pensé à Peter Pan... On n'y échappera pas, hein? J'ai pensé à P., aussi, qui disait que les occidentaux étaient très forts pour se créer un tas de problèmes à partir de choses très simples. L'amour, par exemple. Ah, parce que c'est simple, l'amour, au Burkina? Il a prétendu que oui. Je ne l'ai pas vraiment cru... J'ai pensé à ces gens qui regardent des Disney en boucle et à ces autres, qui connaissent par coeur les répliques de Star Wars, ceux qui rêvent de super-héros ou d'Harry Potter, ceux qui se gavent de séries teenage, ceux qui regrettent leur enfance à tout bout de champs, ceux qui pissent dans leur froc à l'idée d'avoir trente ans... J'ai pensé que ces gens, que je pensais n'être pas moi, l'étaient peut-être un peu, parfois. Génération Peter Pan... Non... On n'y échappera pas.

Certains adulescents ont versé de grosses larmes en voyant Johnny Depp jouer aux indiens dans le jardin anglais de Finding Neverland. Pas moi. Moi, il m'aura fallu Gondry. Eternal Sunshine d'abord. Science of sleep ensuite. Science of sleep surtout. Je peux pas expliquer... Ca tourne en rond, c'est juste une histoire d'amour à la con mais je m'y retrouve terriblement. Peter Pan, bientôt 30 ans, perdu dans la banalité du quotidien parisien. De la poésie à l'état brut, des rêves un peu fous et la difficulté d'aimer, d'être aimé, de sortir de sa petite bulle. Encore, toujours... La difficulté de devenir grand.

Parlant...

jeudi, septembre 28, 2006

Culpabilité

"Oh! Un escargot!"

Elle pointait du doigt un petit tas informe, sur la terrasse. Je savais ce que c'était mais je n'ai pu m'empêcher d'y jeter un coup oeil dégouté.

"Oui... C'est un escargot écrasé..." répondis-je très vite, espérant couper court à la conversation.

"Mais... il faut pas écraser les escargots!"

Je me suis un peu mordu la lèvre, en lui prenant la main. Non, c'est vrai... Il faut pas... Mais merde! C'était pas ma faute! Il faisait tout noir! Je marchais normalement, sans agressivité particulière, jusqu'à ce que... crac... et beurk... (ça m'apprendra à aller fumer des clopes sur la terrasse, la nuit, tiens) C'est salaud, un escargot sous votre pied! Pire qu'une limace. Il y a d'abord ce bruit, affreux... et puis cette sensation! On a beau relever le pied tout de suite, en poussant des petits cris mi-effrayés, mi-dégoutés, c'est trop tard. On l'a sentie, la carapace qui se brise et la chair molle qui s'enfonce doucement. On a senti la mort... (sournoise, inattendue, visqueuse, dégueulasse, beurk!) C'est atroce, ce moment-là. Ca vous flingue votre soirée en moins de deux. Cette soirée-là et toutes les suivantes... Un escargot est décédé sous mes pieds, samedi, oui et alors? Par malheur, ce décès a eu lieu sur ma terrasse, ce qui m'oblige à le voir chaque fois que je sors de chez moi pour aller dans le jardin. Vous trouvez pas que c'est suffisant, comme supplice? Faut-il vraiment que des mômes de quatre ans viennent me demander des explications, en plus???

"Non, t'as raison, il faut pas écraser les escargots... Allez, viens, on va jouer à cache-cache!"

On a joué à cache-cache pendant cinq minutes et puis on est rentrées, parce que l'herbe était mouillée. Hier, en allant fumer ma clope, j'ai shooté un bon coup dans le tas infâme.
Et aujourd'hui, il ne reste du drame qu'une vague tâche sombre...

(Le premier qui trouve une bonne morale à cette histoire gagne un pélerinage, en pension complète, sur les lieux de la tragédie... Aux frais de la princesse!)

lundi, septembre 25, 2006

Petit Poucet

Samedi, on pouvait suivre les clients à la trace sur le sol de la librairie. Ca faisait longtemps qu'il n'avait plus plu mais je ne m'en étais pas rendu compte... Bizarrement, j'ai été attendrie par les chemins de gouttes de pluie qui s'étaient formés dans le sillages de nos clients. On aurait dit les cailloux blancs du Petit Poucet... Vaines tentatives de l'enfant perdu pour se retrouver, au milieu de sa forêt de tourments, de projets et d'angoisses. J'ai brusquement été prise d'une immense tendresse pour ces gens qui venaient m'acheter des livres. Du bébé au sourire d'ange au jeune homme rieur en passant par les clients pressés, les timides, les BCBG, les fauchés, les stressés, les charmants et même les autres, les cas difficiles à qui on meurt d'envie, parfois, de donner une bonne paire de gifles pour leur faire passer le goût de l'arrogance. Tous ces gens dont je partage l'existence pendant une minute, le temps d'aller chercher un manuel scolaire, de prendre une commande et d'encaisser le billet qu'ils me tendent. Perdus dans leurs forêts personnelles, sur leur chemin de pluie qui, un jour, par hasard, vient à croiser le mien...

J'aime bien ce job... J'ai pas fait mes études pour me retrouver derrière une caisse enregistreuse, certes, mais je savoure ces instants complices à la croisée des chemins, ces moments superficiels où l'on ne comprend pas le millième de la complexité de la personne qui est en face de soi mais où on lui sourit, spontanément, parce qu'on se reconnaît un peu en elle.

Il a arrêté de pleuvoir, samedi, et les traces se sont effacées. Moi, j'ai terminé la journée sur les genoux et j'ai quitté la librairie définitivement.

Mais auparavant, j'ai pris soin de semer, discrètement, des petits cailloux blancs pour en retrouver le chemin.

dimanche, septembre 17, 2006

Et perdue, dans Paris, les yeux grands ouverts
Un peu paumée, à tous niveaux, tu sais...

Lui: pompier. Elle: princesse. Ils ouvrent le bal sous le regard curieux et attendri d'une centaine de paires d'yeux en tenue de soirée. Ils ont répété... Pour vaincre la timidité et apprendre à ne pas trébucher dans la robe. Ils ont répété et ça se sent. Ils sont parfaits. Elle, émue et émouvante avec ces larmes au coin des yeux et ce sourire à désarmer les kamikazes les plus acharnés. Lui, superbe dans son uniforme des grands jours, appliqué, attentif, amoureux. C'est beau comme ils se bouffent des yeux, ces deux-là. Ca me coupe un peu le souffle, tellement c'est beau. J'aimerais être cachée dans le creux de leurs oreilles, pour savoir ce qu'ils se chuchotent là, maintenant, tout de suite. Est-ce qu'ils parlent de leurs jambes qui flageollent un peu sous la pression de ce qui vient de leur arriver? Ou de leurs futurs enfants? De la nuit de noce, toute proche, ou du ménage, des courses, des lessives et des petits plats qu'il lui concoctera lundi, quand l'agitation sera un peu retombée? J'aimerais être dans le creux de leurs oreilles pour boire les mots tendres jusqu'à plus soif, m'en imprégner, gonfler, exploser. Exploser d'amour! Rien que ça.

Ce matin, fatigue, migraine et un brin de nostalgie dans la voix de Charlotte Gainsbourg. Je n'ai pas encore touché l'âme de cet album, jusqu'ici. J'ai tendance à le trouver trop lisse. Trop froid. Mais ce matin, je change un peu d'avis. C'est parfait pour un lendemain de veille. Ou un lendemain tout court. Un jour effacé, aérien, perdu. Calé entre l'ici et l'ailleurs. Entre des rêves de gamines fleur-bleue qui reprennent vigueur et cette putain de solitude qui me cloue sur place. Un jour perdu entre hier et demain. Quelque part... In the center of the night.

vendredi, septembre 08, 2006

Métro-boulot-métro-dodo

8h32... C'est à 8h32, tous les matins, qu'un voyageur chanceux s'approprie le dernier exemplaire des Métro francophones de Stockel. Et ce voyageur, mardi passé, je l'ai vu... C'est une femme, la trentaine, cheveux bruns ondulés, discrète, rapide et faussement innocente, qui agit en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Mon cerveau, ralenti par un réveil trop matinal, n'a rien pu faire. Il est resté subjugué par l'habileté du geste: l'esquive et l'accélération, le pas décidé vers le porte-journaux bleu, la main qui effleure la pile de Métro néerlandophones, hésite, fait mine de s'en saisir, puis, au dernier moment, s'envole et s'empare de l'unique exemplaire francophone restant. Une seconde... Il n'aura pas fallu plus d'une seconde à cette femme pour faire disparaître le Métro dans les profondeurs abyssales de son sac à main et laisser tous les francophones suivants sur le carreau. Magistral!

Lundi, je l'avais précédée de quelques minutes, participant, sans le savoir, au travail des cinq cents fourmis ouvrières qui démantèlent la pile en vue de l'arrivée de la reine, tous les matins, à 8h31, 50 secondes et des poussières. A cet instant où le monde se fige, elle n'a plus qu'à s'avancer pour achever le processus. Dix secondes. Dix pas. Un geste de la main. Et le Métro francophone de Stockel n'est plus qu'un vague souvenir.

Mardi, j'ai compris... On ne peut rien contre un tel pouvoir. Depuis, je m'arrange pour arriver à Stockel après le massacre.

(A moins que ce ne soit parce que j'ai de plus en plus de mal à me lever, le matin?)

(...)

(Nooooon!)

mercredi, août 23, 2006

(Bruxelles entre parenthèses)

J'ai pas encore réussi à couper complètement le cordon ombélical, je crois... La Ville Lumière continue de me vampiriser, par intermitence. Là, je pars pour dix jours en quête d'images quatorzièmiennes (comprenez: "relatives au 14e arrondissement"), d'où: silence attendu sur ce blog naissant. Mais ne vous fiez pas à ses airs de bébé mort-né, il est très, très, très vivant dans ma tête et je le prouve à la rentrée. Promis!

lundi, août 21, 2006

Et voilà...

Les blogs m'ont eue par surprise, un soir de septembre 2004. Parce qu'il l'avait décidé et que j'ai dit oui, pourquoi pas.

"Oui... Pourquoi pas?"

Depuis, c'est comme la cigarette: un jour j'arrête! Mais pas tout de suite...

Voici donc un petit blog salé sucré comme des chips au ketchup, pour parler de Bruxelles et de cette vie qui commence. La vie d'après (après les études, après l'erasmus, après les années passées à suivre les panneaux indicateurs en bordure d'autoroute)

La "vraie" vie, quoi!
Tournée de kriek pour tout le monde!