dimanche, février 25, 2007

I'm still an alien

Pour ceux qui n'ont pas peur, mais alors vraiment pas peur, de faire des cauchemars...

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vendredi, février 23, 2007

I'm an alien

Depuis une heure, ses mains me survolent et je réponds à chacune de ses instructions: paupières fermées, rouvertes, tête inclinée, yeux en l'air... Ca me rappelle vaguement le permis: "allumez les phares, s'il vous plaît""hum... Et pour passer aux gros phares?""Bieeen, klaxonnez, maintenant...""clignotez à gauche". J'avais failli planter la voiture, ce jour-là, juste avant d'entrer sur le terrain de manoeuvres. Arf! Souvenir amusant...

Mon champ de vision s'est considérablement rétréci. Je ne vois que son pull, le bouton en bois de son pull (sympa...), son jeans, ses bras qui s'agitent dans tous les sens et son oeil, qui s'approche bizarrement, avant de s'éloigner, soucieux. Derrière, je devine d'autres gens: quelques aliens qui naissent, un félin triste et, sur ma gauche, un poisson plutôt convaincant. Moi, je n'ai aucune idée de ce à quoi je ressemble.

Un autre visage vient d'entrer dans le cadre. Il est doux, vaguement barbu, souriant, éminement sympathique. "Classe!" s'exclame-t-il avant de s'approcher dangereusement. La monture de ses lunettes n'est plus qu'à quelques millimètres de mon oeil. Mais j'ai appris à ne pas me focaliser sur l'avant-plan. Derrière, elle ne semble pas convaincue. "C'est propre!" continue-t-il. Il a pris un peu de recul et continue de m'examiner comme une bête curieuse. Je souris. Elle vient justement de me dire qu'elle trouvait ça sale. "Dans ce genre de contexte, le pire ennemi, c'est le perfectionnisme, poursuit-il pour la rassurer. A trop vouloir changer, on rend souvent le truc moins bon qu'il n'est au départ. Ici, il y a d'excellentes idées. Continue!"

Je vois, à sa grimace, que ça ne suffit pas. Elle est très exigeante et ce ne sont pas les compliments, même sincères, d'un gentil prof qui y changeront quelque chose. Ses mains recommencent à s'agiter en très gros-plan. Je me sens comme chez le dentiste. Sauf que rien ne me fait mal, ici, au contraire. Cette couche fraiche sur la peau a un effet terriblement relaxant. Elle m'examine sans me regarder vraiment. Moi, non plus, je ne la regarde pas. Je n'ose pas. Pourtant ce que je vois me fascine: l'artiste au travail, en proie aux doutes. Je lui demande de quelle planète je viens et quel genre de caractère j'ai. Elle me répond qu'elle ne sait pas. Je suis juste "pas très sympathique", me dit-elle. Ca me plaît.

Puis, elle s'attaque à ma bouche. Elle voudrait "des lambauds de chair". C'est atroce mais ça continue de me plaire. Les minutes passent et ma curiosité gonfle. Qui suis-je, pour les autres, à présent? Autour de moi, les animaux se font plus réalistes. L'oiseau, notamment, me stupéfie. Les extra-terrestres impressionnent moins, peut-être par manque de points de comparaison. Ils ne ressemblent ni à E.T. ni à Mars Attacks, du coup, mon esprit est perdu. La bouche est un passage délicat: j'ai l'interdiction de sourire, sous peine de gâcher son travail. Cette réalité-là est difficile à accepter mais je tiens le coup: de toute façon, les personnages "pas très sympathiques" ne rient pas.

Au bout d'une bonne demi-heure de travail minutieux, elle finit par m'annoncer que c'est terminé. Son oeil expert me regarde une dernière fois. Elle affiche la moue mitigée des gens qui s'évaluent très durement. Libérée de ma chaise, je prends une grande inspiration, plisse mes yeux myopes et court vers le miroir. L'image que j'y découvre me coupe le souffle. Une sorte d'alien-Hannibal-mort-vivant très bien fait a pris la place de mon visage. Je ne suis pas sûre de bien voir, sans mes lunettes... Je m'approche encore, colle un oeil sur ma bouche, remarque les lambauds... Brrrr! Elle est restée loin derrière, peut-être par peur de ce que j'allais dire. Je frissonne et la félicite. Franchement, j'ignorais que je pouvais être... "ça".

Depuis, elle a transformé une autre de nos amies en squelette et moi, je rôde la nuit autour des vivants, à le recherche de chair fraîche à dévorer...

dimanche, février 11, 2007

Le retour des mots

J'ai mal aux autres...
Les dernières images de Paradise Now viennent de s'éteindre, sur l'écran, plongeant mon salon dans le noir. Le générique, cruellement silencieux, défile devant mes yeux. Je n'y vois rien...
Mais je réalise que j'ai mal aux autres.
Et que ça ne partira jamais...

C'est comme la tâche d'encre sur mon pantalon ligné, celui des secondaires, mon préféré. Avec ses petites pattes d'éléphant, il me donnait l'impression d'avoir du style. Je devenais seventies, quand je l'enfilais, presque sexy. C'était rare... J'ai beaucoup frotté, fait des lessives, testé tous les produits, j'y ai cru. Mais c'est resté... Ma mère m'a dit que c'était normal. L'encre, c'est définitif. On n'y peut rien. J'ai jeté le pantalon... Mais je ne peux pas me jeter moi-même.

J'ai mal aux autres... De là vient ma tragédie. Moi qui flirte avec la petite vie tranquille des personnages de Klapisch (Chloé, Xavier, ...), moi qui n'ai rien à pleurer ou si peu. Moi qui ne saigne jamais. Je suis tragique, moi... Je rêve d'être Antigone et Juliette, je m'invente d'abominables destins. Je n'ai jamais compris d'où ça me venait. A présent, peut-être, je sais...
Les autres...

Les autres et le monde. Tout ce qui m'empêche d'être moi tout le temps. Moi seulement. Ils m'atteignent en plein coeur, les autres... Badabam! Souvent, je n'ai pas le temps de voir venir et ça me tombe sur la gueule. Le monde crie... Alors, je me protège. Feignant l'indifférence, ensevelie dans la timidité. Je me protège très bien. Mais j'ai mal, quand même. Et ce mal me fait du bien...

C'est terriblement égoïste, je m'en rends compte. Mais j'ai besoin de ça pour me sentir humaine, vibrante, vivante. Des gens vont mourir après Paradise Now. Des innoncents et un inconscient. Il est stupide, détestable, cet homme-là. Et pourtant il souffre...

Mon salon se rallume, s'anime... Je ne bouge pas.
Immobile, les yeux rivés sur la télé, je découvre que j'ai abominablement mal aux autres.
Et ça me fait du bien.

jeudi, février 08, 2007

Monsieur Neige

Parce que, pour le moment, les mots ne viennent plus. Du moins, plus ici... Parce que je ne parviens plus à raconter une vie bricolée qui ressemble à celle de Monsieur Neige: souriante mais fragile, remodelable, en attente.

Parce que je retiens ma respiration...

Parce qu'on a profité de cette neige comme si c'était la dernière, aussi, et que j'ai vu briller des yeux d'enfants. Parce que ces mêmes yeux, je les imagine, aujourd'hui, pétiller face aux flocons tout frais qui chatouillent les fenêtre de la classe.

Et puis juste pour le plaisir...
Parce que Monsieur Neige est beau...
(N'est-ce pas qu'il est beau?)