dimanche, décembre 14, 2008

A Mimi

Quand j'allais la voir, il y a quelques années, elle finissait toujours par me demander si j'avais "un amoureux". Et comme elle n'entendait plus très bien, je devais crier pour lui répondre, gratifiant toute la maison de repos d'informations sur ma vie privée. Tendre curiosité, qui m'embêtait un peu, mais que je ne pouvais m'empêcher de trouver mignonne, aussi.

Plus tard, quand on lui a expliqué que j'avais rencontré, au hasard d'une soirée entre amis, le fils de l'un des meilleurs amis de mon oncle (son fils à elle), qu'elle avait connu jeune et qui lui confiait parfois ses problèmes de coeur, elle a acquiescé, pensive. Elle était déjà un peu dans un autre monde...

C'est normal, et c'est beau, mais ça me sidère toujours un peu comme la vie continue, quand des gens s'en vont. Entre bras, coups de blues et frissons. Des sourires... Des rires même. Et des mots. Je frémissais, tout à l'heure, en écoutant Radical Face et Beirut. Un peu plus tôt, je me noyais dans les cases de Trondheim et de Fabrice Neaud. Et, en fin de journée, les déambulations au marché de Noël avec lui. Lui dont les attentions, et les bras, savent si bien me réconforter. Tout au long du week-end, nous nous sommes soutenus les uns les autres, revivant, au fil des douces conversations familiales, les souvenirs, joyeux, légers, drôles. C'est vrai: la vie continue... A la limite, elle aurait même tendance à rejaillir, plus forte, plus belle, plus grande. Car c'est certainement le plus beau cadeau qu'on puisse lui faire.

Mais cela n'efface pas le côté "pile" de tout ça. J'ai toujours peur, de cet inconnu-là. Il garde, à mes yeux, une part d'inacceptable. Est-ce la jeunesse? Sans doute... Un jour, je pense, j'apprendrai à accepter l'inacceptable. En attendant, je m'efforce de mûrir un peu. Et oui... La vie continue.

samedi, décembre 06, 2008

Tromperies et réconciliations

Les retrouvailles avec ma ville sont toujours plus intenses quand je viens de lui être infidèle. Quand j'ai aimé ailleurs et que je reviens vers elle, un peu coupable, vaguement honteuse.

Elle s'en fiche, elle, pourtant, que je me pâme devant Barcelone ou Venise, que je l'abandonne pour Paris, que je la compare à Londres, Montreal et que j'en tire comme conclusion que, quand même... elle manque d'avant-garde, d'identité et de peps. Je peux vivre tous les coups de foudre du monde, soupirer de bonheur devant le Danube, je peux faire de Budapest ma nouvelle ville de coeur et je peux le lui dire. Elle s'en tape complétement. C'en est presque frustrant.

Mais sa froideur n'a pas d'effet sur moi. Quand je lui reviens, penaude, fatiguée et un peu triste d'avoir dû laisser d'autres villes derrière moi, mon coeur finit toujours par se remettre à battre. Très vite. Je ne me l'explique pas. Je lui trouve des charmes que je ne lui avais jamais vus, et des excuses pour ce qu'elle n'a pas là où d'autres brillent. Il suffit d'un voyage en tram, d'une balade sous les guirlandes de Noël pour que la machine redémarre. Je la trouve belle, fascinante, attachante. Je me sens chez moi.

En définitive, j'ai eu beau essayer: je suis incapable de trahir Bruxelles longtemps. Je ne me l'explique pas. Je constate simplement.