jeudi, août 14, 2008

Beau oui comme Bowie

Que fait-on quand, à la veille d'un long week-end, on n'a pas franchement envie de travailler et que, justement (la vie est parfois bien faite), les connexions au serveur du site qu'on est censé mettre à jour ne fonctionnent pas?

Hmmm?

On tue le temps comme on peut (en souhaitant que ce ne soit pas trop sanglant). Et on écrit des trucs sur son blog (qui, en plus d'être une chambre avec vue sur soi-même, devient, pour le coup, utilitaire. Pratique!)

Entêtant tête-à-tête avec mon ordinateur, à compter les minutes qui me séparent de la virée en Ardennes. Plongée dans quelques rêves informatiques.

Je change d'époque. Et je m'émerveille...
Avec Bowie, Cohen... De sacrés mecs, ces gars-là! Génial et fascinant Bowie! Pas beau, par contre. Enfin, je n'ai jamais trouvé... Mais la magie de youtube qui permet de revoir des types sur scène à une époque où j'étais encore dans les choux et pas du tout près d'en sortir me le ramène, touchant et vaguement fragile. En 72. Et brusquement, si, il devient beau. Un brin trop arrogant dans son mouvement décidé de mâchoires. Mais beau, oui... Comme Bowie. Je retrouve Leonard Cohen, aussi. Dans son jeune temps, à quarante ans, à soixante. Cohen qui passe à Bruxelles en automne mais pour lequel, évidemment, il n'y a plus aucune places... Hmrpf.

Entre deux autres tentatives de remise au travail, je découvre des blogs, enfin, et me plonge dans des univers hier encore inconnus qui, en quelques instants, me parlent si forts qu'ils en deviennent familiers. Puis, j'y réponds. Je dis des choses comme "une vie en vrac, même si c'est moins "confortable", c'est beaucoup plus passionnant qu'une vie bien rangée dans des tiroirs étiquetés".

Ah oui? Et la mienne, de vie, elle est comment, exactement? Job, appart, copain que je me surprends parfois à imaginer dans quelques années pouponnant l'un ou l'autre bambin... (les nôtres). Ne manquent que la maison, le chat et la télé à écran plat pour compléter le joli tableau de la famille Ricoré. En quoi serais-je différente, au fond? En dehors de mes rêves et de la légère fantaisie que je me plais à m'attribuer, qu'ai-je qui pourrait me préserver de la banalité et du passage obligé à la vie "adulte", "sur des rails", "bien rangée"?

Je ne sais pas... Jusqu'ici, j'ai toujours balayé très vite la question par le recours à la certitude confortable de ne pas être faite pour les tiroirs ordonnés. Jamais. Mais... En suis-je vraiment sûre?

dimanche, août 10, 2008

Le bouquet

Il y a des moments, dans la vie, qui ne s'oublient jamais. Des instants, isolés de presque tout contexte, des sensations qui s'installent comme des îles dans la mer de nos souvenirs accumulés.

Dans mes îles personnelles, il y a, notamment, un bouquet. Et un garçon derrière. Je fêtais un anniversaire, j'ai oublié lequel. 18, 19, 20 ans... ??? Probablement 18. Il était venu, adorable, avec son petit bouquet. Il n'avait pas besoin de cela pour me faire fondre mais... Ce jour-là, sur le pas de la porte, j'ai eu l'impression que le temps se figeait littéralement pour donner à cet instant un goût d'éternité. Je garde très peu de souvenirs de la soirée, qui s'est déroulée après. Je ne vois plus que lui et ses fleurs. Ses fleurs et lui. Lui...

De tous mes ex-amours, ce n'est probablement pas celui que j'ai le plus aimé (même si je suis intimement convaincue qu'on ne peut pas réellement comparer ces choses-là) mais c'est certainement celui qui m'est passé le plus près et que j'ai raté avec le plus de prestance. Par timidité, aveuglement, maladresse... Je n'ai pas vu, pas pu. Nous nous sommes frôlés sans succès, dans les brumes d'une fin d'adolescence manquant encore un peu de confiance.

Cette histoire m'a laissé un goût amer, longtemps, parfois ravivé par de brèves nouvelles de lui, et quelques retrouvailles marquées par le frisson ressenti face à la douceur de sa voix, à la beauté de ses yeux.

Mais...

Un bouquet peut en cacher un autre. J'ai compris ça la semaine dernière lorsqu'un autre garçon est sorti de l'ascenseur avec un petit bouquet de tournesols. Les collègues avaient déserté le bureau pour midi. On avait sonné. Je m'attendais à recevoir le facteur ou DHL et m'étais retrouvée nez à nez (si on peut dire) avec sa voix dans l'interphone. Quand l'ascenseur est monté, je l'attendais avec un sourire déjà immense... Puis, il est sorti... Le temps s'est figé brusquement. Et quand il a repris son cours, cette fois, j'ai pu serrer dans mes petits bras émus le jeune homme qui me tendait les fleurs...

Je crois que c'est à cet instant-là que j'ai fait un trait définitif sur tout soupçon d'amertume lié aux souvenirs de bouquets. Et je peux vous le dire, aujourd'hui: c'est une très jolie sensation.