dimanche, août 10, 2008

Le bouquet

Il y a des moments, dans la vie, qui ne s'oublient jamais. Des instants, isolés de presque tout contexte, des sensations qui s'installent comme des îles dans la mer de nos souvenirs accumulés.

Dans mes îles personnelles, il y a, notamment, un bouquet. Et un garçon derrière. Je fêtais un anniversaire, j'ai oublié lequel. 18, 19, 20 ans... ??? Probablement 18. Il était venu, adorable, avec son petit bouquet. Il n'avait pas besoin de cela pour me faire fondre mais... Ce jour-là, sur le pas de la porte, j'ai eu l'impression que le temps se figeait littéralement pour donner à cet instant un goût d'éternité. Je garde très peu de souvenirs de la soirée, qui s'est déroulée après. Je ne vois plus que lui et ses fleurs. Ses fleurs et lui. Lui...

De tous mes ex-amours, ce n'est probablement pas celui que j'ai le plus aimé (même si je suis intimement convaincue qu'on ne peut pas réellement comparer ces choses-là) mais c'est certainement celui qui m'est passé le plus près et que j'ai raté avec le plus de prestance. Par timidité, aveuglement, maladresse... Je n'ai pas vu, pas pu. Nous nous sommes frôlés sans succès, dans les brumes d'une fin d'adolescence manquant encore un peu de confiance.

Cette histoire m'a laissé un goût amer, longtemps, parfois ravivé par de brèves nouvelles de lui, et quelques retrouvailles marquées par le frisson ressenti face à la douceur de sa voix, à la beauté de ses yeux.

Mais...

Un bouquet peut en cacher un autre. J'ai compris ça la semaine dernière lorsqu'un autre garçon est sorti de l'ascenseur avec un petit bouquet de tournesols. Les collègues avaient déserté le bureau pour midi. On avait sonné. Je m'attendais à recevoir le facteur ou DHL et m'étais retrouvée nez à nez (si on peut dire) avec sa voix dans l'interphone. Quand l'ascenseur est monté, je l'attendais avec un sourire déjà immense... Puis, il est sorti... Le temps s'est figé brusquement. Et quand il a repris son cours, cette fois, j'ai pu serrer dans mes petits bras émus le jeune homme qui me tendait les fleurs...

Je crois que c'est à cet instant-là que j'ai fait un trait définitif sur tout soupçon d'amertume lié aux souvenirs de bouquets. Et je peux vous le dire, aujourd'hui: c'est une très jolie sensation.

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