dimanche, décembre 14, 2008

A Mimi

Quand j'allais la voir, il y a quelques années, elle finissait toujours par me demander si j'avais "un amoureux". Et comme elle n'entendait plus très bien, je devais crier pour lui répondre, gratifiant toute la maison de repos d'informations sur ma vie privée. Tendre curiosité, qui m'embêtait un peu, mais que je ne pouvais m'empêcher de trouver mignonne, aussi.

Plus tard, quand on lui a expliqué que j'avais rencontré, au hasard d'une soirée entre amis, le fils de l'un des meilleurs amis de mon oncle (son fils à elle), qu'elle avait connu jeune et qui lui confiait parfois ses problèmes de coeur, elle a acquiescé, pensive. Elle était déjà un peu dans un autre monde...

C'est normal, et c'est beau, mais ça me sidère toujours un peu comme la vie continue, quand des gens s'en vont. Entre bras, coups de blues et frissons. Des sourires... Des rires même. Et des mots. Je frémissais, tout à l'heure, en écoutant Radical Face et Beirut. Un peu plus tôt, je me noyais dans les cases de Trondheim et de Fabrice Neaud. Et, en fin de journée, les déambulations au marché de Noël avec lui. Lui dont les attentions, et les bras, savent si bien me réconforter. Tout au long du week-end, nous nous sommes soutenus les uns les autres, revivant, au fil des douces conversations familiales, les souvenirs, joyeux, légers, drôles. C'est vrai: la vie continue... A la limite, elle aurait même tendance à rejaillir, plus forte, plus belle, plus grande. Car c'est certainement le plus beau cadeau qu'on puisse lui faire.

Mais cela n'efface pas le côté "pile" de tout ça. J'ai toujours peur, de cet inconnu-là. Il garde, à mes yeux, une part d'inacceptable. Est-ce la jeunesse? Sans doute... Un jour, je pense, j'apprendrai à accepter l'inacceptable. En attendant, je m'efforce de mûrir un peu. Et oui... La vie continue.

samedi, décembre 06, 2008

Tromperies et réconciliations

Les retrouvailles avec ma ville sont toujours plus intenses quand je viens de lui être infidèle. Quand j'ai aimé ailleurs et que je reviens vers elle, un peu coupable, vaguement honteuse.

Elle s'en fiche, elle, pourtant, que je me pâme devant Barcelone ou Venise, que je l'abandonne pour Paris, que je la compare à Londres, Montreal et que j'en tire comme conclusion que, quand même... elle manque d'avant-garde, d'identité et de peps. Je peux vivre tous les coups de foudre du monde, soupirer de bonheur devant le Danube, je peux faire de Budapest ma nouvelle ville de coeur et je peux le lui dire. Elle s'en tape complétement. C'en est presque frustrant.

Mais sa froideur n'a pas d'effet sur moi. Quand je lui reviens, penaude, fatiguée et un peu triste d'avoir dû laisser d'autres villes derrière moi, mon coeur finit toujours par se remettre à battre. Très vite. Je ne me l'explique pas. Je lui trouve des charmes que je ne lui avais jamais vus, et des excuses pour ce qu'elle n'a pas là où d'autres brillent. Il suffit d'un voyage en tram, d'une balade sous les guirlandes de Noël pour que la machine redémarre. Je la trouve belle, fascinante, attachante. Je me sens chez moi.

En définitive, j'ai eu beau essayer: je suis incapable de trahir Bruxelles longtemps. Je ne me l'explique pas. Je constate simplement.

dimanche, novembre 16, 2008

Assis en face un soir, beau comme un étranger

De Rimbaud, je ne connais que peu les mots. Trop alambiqués à mon goût même si je me dois de reconnaître, évidemment, qu'ils sont très bien écrits. S'il me touche, c'est plus pour l'homme: l'adolescent qui voulait devenir "voyant" en "s'encanaillant"dans la nuit parisienne et qui déclarait, dans ses moments de parfaite allucidité (non, ne cherchez pas, ce n'est pas un mot qui existe) que "je" était "un autre". Il me touche parce que je le comprends, dans ces moments-là.

Je est une autre... Surtout dans ces dimanches après-midi hors du temps dont je connais l'heure de début mais jamais, jamais, jamais l'heure de fin. Coup sur coup, les bières s'empilent, la "vraie dernière" suit la "dernière" d'assez près et les cadavres de verres vides s'accumulent sur les côtés. Quand je finis par rentrer, au bout de longues heures dont je n'ai rien vu passer, la nuit est tombée et il est tard. Toujours plus tard que prévu. Je fais la route, hallucinée, du bus à chez moi sans plus y comprendre grand chose (si tant est qu'il y ait quelque chose à comprendre). Tout à l'heure, il pleuvait des cigarettes. Une cigarette, en fait, mais à mes yeux, elle avait quelque chose d'une averse, magique, que j'ai évitée de justesse...

Je est une autre, alors. Rieuse. Dépaysée. Vaguement joueuse...
Et je ne sais pas si c'est bien.

mercredi, octobre 22, 2008

JF, 25 ans, cherche temps, désespérément

Dites-moi, vous savez, vous, où on peut acheter un peu de temps? Un genre de distributeur qui, au milieu des paquets de chips et des friandises, offrirait quelques heures de vie en "package".

"Offrir", remarquez, est un bien grand mot. Je suis prête à débourser quelques piècettes, moi, pour une ou deux heures de bonus, certains jours.

"Package: deux heures de rêveries et de détente + supplément gratuit d'une demi-heure de projets d'avenir": 2 euros. Le bonheur! Sauf que ça ne profiterait qu'à ceux qui peuvent se les payer et ça, évidemment, je ne suis pas pour...

*soupir*

Je fais un peu n'importe quoi, ces temps-ci. Entre les verres, les virées avec de quasi inconnus au fin fond de la Belgique et les rendez-vous où j'arrive en retard voire que j'annule au dernier moment. Entre la poursuite, incessante, épuisante du sommeil et les dossiers avec lesquels il me faut jongler à longueur de journée. Entre l'amour, le stress, les obligations, les nouvelles têtes et le reste, tout ce reste que j'avoue avoir un peu de mal à gérer, du coup, je ne sais plus très bien où je suis, moi. J'ai l'impression étrange d'avoir embarqué dans un TGV qui fonce vers l'inconnu et d'être là, en observatrice. Je regarde les choses, je les vis, même, souvent, mais comme si ce n'était pas tout à fait moi: je suis une passagère clandestine. Et, pour tout dire, je ne me souviens plus très bien comment je suis arrivée dans ce train...

De temps en temps, pourtant, presque tous les week-end, même, il m'arrive de très jolies choses, dans ces wagons en folie. Des balades sous le soleil, des amis, des rires et une bonne grosse dose de bonheur dans mes bagages. "Souriez, vous n'êtes pas filmés mais c'est bon pour la santé". Alors, je ne sais pas... Je crois qu'à la longue je me suis attachée à ce voyage. Je n'ai pas envie de sauter en marche. Je crois que je vais rester...

Mais j'aurais besoin d'un peu de temps, pour profiter du paysage.

jeudi, octobre 02, 2008

Money Money Money

5,7 milliards d'euros... C'est la somme dépensée en deux jours par l'Etat belge pour "sauver" nos banques en pleine crise de subprimes (l'équivalent de la crise d'adolescence humaine?) Et le gouvernement de dire que le contribuable ne doit pas s'inquiéter, que c'est "juste" une dette supplémentaire.

"Juste" une dette de... 5,7 milliards d'euros. Une bagatelle, quoi!

Je travaille dans un secteur qui souffre d'un manque chronique de moyens. La "culture", ça s'appelle, et il me semble, à moi (mais peut-être me trompe-je? Naïveté de la jeunesse...), que c'est un merveilleux outil d'expression, d'épanouissement et de réflexions (au pluriel, les réflexions, j'y tiens) sur le monde. Mais voilà... En politique, ça n'intéresse personne.

Et malheureusement, ce secteur est loin d'avoir le monopole du sous-financement. Prenez l'éducation: peut-on me citer UN domaine qui soit plus important pour une société que l'éducation donnée aux générations futures ? Question de point de vue, sans doute, mais moi - et malgré tout l'amour que je porte à la culture - je n'en vois aucun. Et bien l'éducation, en Belgique francophone, est un secteur scandaleusement délaissé. Or, si je sais que tous les problèmes ne se dissolvent pas dans l'argent, on est bien forcés de constater que, quand même, dans bien des cas, ça aide.

Alors entendre répéter à longueur de temps que l'Etat manque de sous pour un tas de trucs et le voir "trouver", en deux jours pour les banques, une somme qui suffirait à doubler d'un coup les budgets de la culture et de l'enseignement en Communauté française, il n'y a rien à faire: ça me fait un peu mal.

Comprenez-moi bien: je sais que si ces banques avaient sombré, cela aurait provoqué un nombre incalculable de drames humains et je pense que l'Etat avait peu d'autres solutions... Mais va-t-on se demander comment ces banques en sont arrivées là? Va-t-on, enfin, en profiter pour jeter un regard critique sur le fonctionnement des finances dans nos sociétés? Va-t-on remettre en question le néo-libéralisme sur lequel toutes nos vies sont fondées? Car c'est bien de cela qu'il s'agit: d'une crise - d'adolescence? Avant le passage à l'âge adulte? Honnêtement, je préfèrerais une crise de la quarantaine ou de la soixantaine: celle d'un système vieillissant en voie d'être dépassé par d'autres (remarquez que d'autres, c'est mieux... ou pire) - du capitalisme. Hier, il fallait être communiste ou anarchiste pour oser critiquer notre système économique. Aujourd'hui il suffit d'ouvrir - un tout petit peu - les yeux...

vendredi, septembre 19, 2008

Et il pensait encore à elle, longtemps après qu'elle soit partie...

J'ai un peu honte. C'est le syndrome du vendredi après-midi, ça: un tas de trucs à faire mais rien de vraiment urgent et le soleil qui me nargue dehors... Dans ces moments-là, j'aurais (presque) envie d'être au chômage.

Je vous le disais: j'ai honte... Et j'ai des raisons. Je sais que j'ai un super job. Même en cherchant bien, en y passant des heures, en y mettant tous mes neurones, je ne parviens pas à imaginer ce que je pourrais trouver de mieux. Il a été taillé pour moi, ce boulot. Ou moi, pour lui. Je le sais. Mais... Le vendredi après-midi, quand le week-end tarde à pointer son nez, c'est plus fort que moi: je rêve de chômage. Ou de très longues vacances.

Au fond, rien ne m'intéresse d'autre que la passion. Les passions. Quand ça bouge, que les gens vont et viennent, et que je peux courir avec eux, ou m'émerveiller de leurs agitations sans fin, quand j'ai peur, même, quand je ne me sens pas à la hauteur. Et quand j'aime. Bien sûr... En dehors de cela, il n'y a rien. Des creux, des vides. De la fadeur sur les murs. Rien.

Les vendredis sont des jours comme ça: mon ordinateur et quelques PV de réunions. Rien à aimer, aucun rêve à caresser, et, pour seul désir, le week-end, l'évasion. Plus qu'un désir, c'est une obsession. Ca hurle et ça emplit ma tête. Les papiers que je suis censée lire s'accumulent en tas informe à côté de moi. Et ce désordre nourrit l'obsession. Je ferme le tiroir "bureau" pour en ouvrir d'autres, un tas d'autres. Ce ne sont plus des papiers mal rangés, ce sont des draps froissés: des draps de grasse matinée et de nuits passées tout contre son corps. Ce sont des caresses, ce sont des mains... Et moi, je divague sans fin. Sur le bureau d'en face la maquette qui trône, impériale et fascinante, prend vie. Elle m'emporte. C'est une ville que j'aime, dans laquelle je me perds. C'est Bruxelles. Je cours dans ses ruelles, je m'enfonce, je sombre... et finis par me réveiller, hébétée, dans un bureau où rien n'a bougé d'un poil. Rien sauf les minutes, qui défilent à une lenteur coupable. C'est mou. Je m'englue dans mes fins de semaines.

Au fond, rien ne m'intéresse d'autre que la passion. Et j'en ai moins honte que je ne le prétends. J'aime être passionnée. J'aime à penser que mes airs timides cachent de grands élans. Mais j'ai peur parfois... Peur de les tuer à les garder enfermés.

Alors, au diable les papiers qui s'accumulent, et bonjour la vie. Cette après-midi est presque finie.

mercredi, septembre 17, 2008

Mais que ferai-je du cahier de solfège?

Une petite enveloppe, en haut à gauche de mon écran et un texte: espace insuffisant pour stocker de nouveaux messages. C'est ce qui m'avertit que mon gsm est arrivé à saturation et que je vais devoir me livrer au rituel - pénible - du tri de mes sms.

Les rendez-vous passés, les messages "organisationnels" sont les premiers à en faire les frais. Mais il arrive que cela ne suffise pas. Viennent alors les souvenirs... Des voeux d'anniversaire, vieux de presque deux ans. Des moments à forte valeur sentimentale mais dont les textes ne veulent plus dire grand chose. Des blagues, des sourires, des clins d'oeil. Supprimer. Certains, avec le temps, sont devenus plus insignifiants que d'autres. N'empêche... Au moment de les envoyer à la poubelle, ça fait toujours un petit pincement au coeur. Dorénavant, je ne me souviendrai plus de ça. En balayant les mots - ces mots que les autres nous ont offerts - on perd des instants de vie. On croit les perdre, en tous cas...

Je viens de passer en revue les sms que j'avais décidé de conserver, jusqu'ici... Aucun ne me semblait superflu mais j'ai quand même réussi à en effacer cinq ou six. Je ne sais pas si j'ai bien choisi... La semaine passée, j'avais rangé mes mails, de la même façon. A cette différence près que la place fait de moins en moins défaut sur internet. Les boîtes mails sont devenues élastiques et les programmes de messagerie permettent de télécharger des kilomètres de textes sur nos disques durs. On les range dans des petits dossiers. Pour plus tard. Quand? On le sait rarement. Plus tard, quand j'aurai envie/besoin de me souvenir. Pour mes vieux jours. Plus tard... Pour mes enfants...

Je ne suis pas sûre que je prendrai jamais la peine de rouvrir ces petits dossiers (et mes pauvres enfants, si j'en ai, se noieraient à le faire, même maintenant. Dans 50 ans, je n'imagine même pas...) Mais savoir que je peux, si je le veux, faire revivre à la demande les mots des autres, ceux qu'ils ont composé un soir sur un clavier d'ordinateur à mon intention, a quelque chose de rassurant. C'est comme les tiroirs bordéliques et les tonnes de photos qu'on accumule dans des albums poussiéreux et des dossiers informatiques. C'est le passé, à portée de main. Une forme de fuite. Confortable.

Parfois, il m'arrive de me dire qu'on vivrait mieux, sans tous ces bibelots. On s'encombrerait moins, on profiterait plus du moment présent, on serait plus transparents, plus propres, plus rangés... Mais peut-être plus chiants aussi. Le désordre du passé est souvent nécessaire pour se repérer dans la jungle des futurs, se sentir avancer, se passionner.

N'empêche... Il faudra un jour que j'apprenne à jeter...

mardi, septembre 09, 2008

Quelque chose du bonheur

Ca se passe un samedi soir, dans un petit théâtre bruxellois. Je n'avais pas très envie d'y aller, au départ. La flemme. C'est comme ça, ces temps-ci. J'oscille entre un dynamisme ébouriffant et une grosse flemme paralysante, traversée d'inexplicables pointes de stress. Samedi, le stress n'y était pas. Mais la flemme, si. Pas emballée à l'idée de passer la soirée debout au milieu d'inconnus ni de devoir fendre la foule et jouer des coudes pour atteindre le bar.
La flemme...
Mais pas vraiment envie de lutter non plus. Pas envie d'en parler.

On y est donc allé sans se poser de questions. C'était dans le programme de la soirée... Et on a même attrapé le bus prévu, pour une fois. Bon présage.

En arrivant sur place, je me disais qu'on ne resterait probablement pas longtemps mais que bon, ce serait cool de voir du monde. Puis, on a découvert que le concert aurait lieu dans le bar, en toute intimité, et ce fut le début d'une de ces soirées rares, hors du temps. Le commencement de ce truc un peu dingue qu'on appelle ici "bonheur".

Ce genre de moments, on ne sait jamais quand ça vous tombe dessus. Pas que ça aille mal, pour l'instant, au contraire. J'ai quasiment intégré mon statut de fille chanceuse. Mais personne n'est à l'abri des stress quotidiens, des migraines, insomnies et autres contrariétés des gens normaux. Personne... Pas même les filles chanceuses. Le bonheur, quand je le croise, a donc, toujours, ce goût unique qui transforme les soirées banales en pures pépites. Et ce fut le cas ce soir-là.

Calés sur les deux dernières chaises libres, nous avons, une heure durant, écouté ce petit groupe américain nous chanter ses balades folk intimistes, tandis que, savourant mon Orval à toutes petites gorgées, je me souvenais d'une adolescente qui voulait faire comme eux. Etre sur scène. Longtemps, longtemps, j'ai souffert de ce rêve. Ce rêve inaccessible qui ne collait pas avec moi, ce rêve trop grand. Mais samedi, j'ai pris conscience que cette amertume, ce goût de trop peu n'existait plus. Ca fait un moment, sans doute, qu'il s'est envolé, laissant la place à une foule d'autres espoirs plus ou moins stupides, plus ou moins fous mais toujours méchament enthousiasmants. N'empêche... Brusquement, je me suis sentie différente. Légère, légère... D'une légèreté désarmante.

Et à partir de là, j'ai profité de tout. De la bière, des murs rouges et de ses bras. Des notes aussi. De jolies notes. Et regardant les deux petites personnes sur scène avec un sourire béat, je me suis laissée gagner par ce truc-là. Le bonheur. Ca avait quelque chose quasi indécent. Mais qu'importe. C'était grand...

"C'était" parce qu'évidemment, ce genre de moments, ça ne dure pas. Mais ça reste quand même quelque part. Et quelque part, c'est tout ce qui compte.

lundi, septembre 01, 2008

Eux.

A trois, au fil des ans, ils ont construit un petit équilibre, fragile, en apparence, mais très fort en fait. Contre vents et marées, dépression, blessures familiales, ruptures, opération cardiaque, angoisses de (peut-être futurs) enfants et "beaux-enfants"... Ils ont tout surmonté ensemble avec une pugnacité qui est belle à voir. Mais qui impressionne un peu, quand on la regarde de l'extérieur.

Quelques fois, à force de persévérance, j'ai la chance d'intégrer leur petit univers. J'y vais avec J., quand il me l'autorise, et, presque toujours, j'en sors flattée, heureuse, d'une joie de petite fille que j'ai du mal à m'expliquer... Non que ça ressemble à un quelconque privilège mais je sais ce que ça représente à ses yeux. Et je sais qu'il s'inquiète, avant. Pour moi. Pour eux. Pour la sauce qui prendra, ou ne prendra pas. J'y vais alors avec une légère appréhension, qui s'efface toujours très vite. Il suffit de les regarder. Il suffit de voir leur complicité, discrète mais terriblement présente. Et sa joie à Lui, cette joie que je ne me lasserais jamais d'observer, de se savoir ensemble. Avec eux. Avec moi. A quatre, pour une fois.

En général, on est tous les deux quand V. arrive. Il a beau me la décrire comme une retardataire chronique, qui lui a appris à ne pas se formaliser des retards des gens - de mes retards, en particulier - moi, je ne la connais que très à l'heure. Impressionnante de style et de confiance en elle. Apparemment. Quand elle arrive, il n'est pas rare que ses cheveux aient changé de coupe, ou de couleur, ou, plus souvent encore, de coupe ET de couleur. En général, c'est le genre de personne avec qui je ne me lie pas facilement. On pourrait prendre ça pour du dédain mais c'est tout le contraire. C'est de la peur. C'est une impression d'abominable insignifiance. V. impressionne...

Mais, par la force des choses, on se côtoie et plus encore: on s'apprécie. Contre toute attente, elle m'écoute. Elle a même dit à son frère que "j'assurais en société". Jamais je n'avais entendu de tels propos à mon égard. A première vue, ils ne se ressemblent pas, Lui et Elle. Là où il a grandi en cultivant les doutes, les peurs et cette sensibilité que j'aime tellement, elle semble avoir traversé les épreuves en bulldozer. Mais ce ne sont là que des apparences, qu'elle cultive avec élégance et conviction. Comme, en apparences, on ne se ressemble pas, Elle et moi. Et pourtant... On partage plus d'un trait de caractère... et un signe astrologique. Il m'arrive de me dire qu'il m'a choisie un peu pour ça...

S., finalement, arrive après tout le monde. Toujours en retard d'une ou deux nuits de sommeil, qu'il a passées à étudier les problèmes des cultivateurs de coton du Sud. S. est l'élément stabilisateur du groupe. Quand il arrive, s'il me restait quelques appréhensions quant à ma place parmi eux, il termine de les dissiper. Toujours. S. est rassurant. Il ne se rassure pas vraiment lui-même. Mais il a quelque chose d'un grand frère que j'ai adopté tout de suite, sans le connaître vraiment. Au fond, je ne connais aucun d'eux vraiment. Si, J., un peu, beaucoup, passionnément, par l'histoire qui nous lie. Mais même Lui reste un gouffre à mystères que je me plais à explorer, chaque jour, avec une délectation sans cesse renouvellée.

La soirée, finalement, se passe entre repas gargantuesques, payés par S., le grand frère, le meilleur ami, et douceur des gorgées de bières spéciales conseillées par V. A la fin, presque toujours, j'ai cette fierté très enfantine d'être la plus intégrée des "pièces rapportées". Un brin de tristesse, aussi, pour les deux autres, qui sont rarement là, si ce n'est dans nos conversations. Emportés qu'ils sont par leurs vies, leurs soucis, leurs rêves inassouvis d'enfants, réels ou à venir, mais lointains. Trop lointains... J. et moi sommes les plus jeunes et les plus insouciants. C'est curieux parce que, "jeunes" on l'a toujours été. Mais "insouciants" pas vraiment. Et maintenant, si, on l'est... Terriblement...

A trois, au fil des ans, ils ont construit un petit équilibre, qui peut sembler fragile et incertain, de l'extérieur, mais qui ne l'est pas le moins du monde pour ceux qui les connaissent. Je ne sais pas si je suis de ceux-là, si je commence à l'être, mais je sais que, parfois, ils m'ouvrent cet univers secret. J'en ressors flattée, heureuse. D'une joie enfantine que je ne m'explique pas...

Et je tuerais pour que ça continue.

jeudi, août 14, 2008

Beau oui comme Bowie

Que fait-on quand, à la veille d'un long week-end, on n'a pas franchement envie de travailler et que, justement (la vie est parfois bien faite), les connexions au serveur du site qu'on est censé mettre à jour ne fonctionnent pas?

Hmmm?

On tue le temps comme on peut (en souhaitant que ce ne soit pas trop sanglant). Et on écrit des trucs sur son blog (qui, en plus d'être une chambre avec vue sur soi-même, devient, pour le coup, utilitaire. Pratique!)

Entêtant tête-à-tête avec mon ordinateur, à compter les minutes qui me séparent de la virée en Ardennes. Plongée dans quelques rêves informatiques.

Je change d'époque. Et je m'émerveille...
Avec Bowie, Cohen... De sacrés mecs, ces gars-là! Génial et fascinant Bowie! Pas beau, par contre. Enfin, je n'ai jamais trouvé... Mais la magie de youtube qui permet de revoir des types sur scène à une époque où j'étais encore dans les choux et pas du tout près d'en sortir me le ramène, touchant et vaguement fragile. En 72. Et brusquement, si, il devient beau. Un brin trop arrogant dans son mouvement décidé de mâchoires. Mais beau, oui... Comme Bowie. Je retrouve Leonard Cohen, aussi. Dans son jeune temps, à quarante ans, à soixante. Cohen qui passe à Bruxelles en automne mais pour lequel, évidemment, il n'y a plus aucune places... Hmrpf.

Entre deux autres tentatives de remise au travail, je découvre des blogs, enfin, et me plonge dans des univers hier encore inconnus qui, en quelques instants, me parlent si forts qu'ils en deviennent familiers. Puis, j'y réponds. Je dis des choses comme "une vie en vrac, même si c'est moins "confortable", c'est beaucoup plus passionnant qu'une vie bien rangée dans des tiroirs étiquetés".

Ah oui? Et la mienne, de vie, elle est comment, exactement? Job, appart, copain que je me surprends parfois à imaginer dans quelques années pouponnant l'un ou l'autre bambin... (les nôtres). Ne manquent que la maison, le chat et la télé à écran plat pour compléter le joli tableau de la famille Ricoré. En quoi serais-je différente, au fond? En dehors de mes rêves et de la légère fantaisie que je me plais à m'attribuer, qu'ai-je qui pourrait me préserver de la banalité et du passage obligé à la vie "adulte", "sur des rails", "bien rangée"?

Je ne sais pas... Jusqu'ici, j'ai toujours balayé très vite la question par le recours à la certitude confortable de ne pas être faite pour les tiroirs ordonnés. Jamais. Mais... En suis-je vraiment sûre?

dimanche, août 10, 2008

Le bouquet

Il y a des moments, dans la vie, qui ne s'oublient jamais. Des instants, isolés de presque tout contexte, des sensations qui s'installent comme des îles dans la mer de nos souvenirs accumulés.

Dans mes îles personnelles, il y a, notamment, un bouquet. Et un garçon derrière. Je fêtais un anniversaire, j'ai oublié lequel. 18, 19, 20 ans... ??? Probablement 18. Il était venu, adorable, avec son petit bouquet. Il n'avait pas besoin de cela pour me faire fondre mais... Ce jour-là, sur le pas de la porte, j'ai eu l'impression que le temps se figeait littéralement pour donner à cet instant un goût d'éternité. Je garde très peu de souvenirs de la soirée, qui s'est déroulée après. Je ne vois plus que lui et ses fleurs. Ses fleurs et lui. Lui...

De tous mes ex-amours, ce n'est probablement pas celui que j'ai le plus aimé (même si je suis intimement convaincue qu'on ne peut pas réellement comparer ces choses-là) mais c'est certainement celui qui m'est passé le plus près et que j'ai raté avec le plus de prestance. Par timidité, aveuglement, maladresse... Je n'ai pas vu, pas pu. Nous nous sommes frôlés sans succès, dans les brumes d'une fin d'adolescence manquant encore un peu de confiance.

Cette histoire m'a laissé un goût amer, longtemps, parfois ravivé par de brèves nouvelles de lui, et quelques retrouvailles marquées par le frisson ressenti face à la douceur de sa voix, à la beauté de ses yeux.

Mais...

Un bouquet peut en cacher un autre. J'ai compris ça la semaine dernière lorsqu'un autre garçon est sorti de l'ascenseur avec un petit bouquet de tournesols. Les collègues avaient déserté le bureau pour midi. On avait sonné. Je m'attendais à recevoir le facteur ou DHL et m'étais retrouvée nez à nez (si on peut dire) avec sa voix dans l'interphone. Quand l'ascenseur est monté, je l'attendais avec un sourire déjà immense... Puis, il est sorti... Le temps s'est figé brusquement. Et quand il a repris son cours, cette fois, j'ai pu serrer dans mes petits bras émus le jeune homme qui me tendait les fleurs...

Je crois que c'est à cet instant-là que j'ai fait un trait définitif sur tout soupçon d'amertume lié aux souvenirs de bouquets. Et je peux vous le dire, aujourd'hui: c'est une très jolie sensation.

jeudi, juillet 31, 2008

I'm back


Hier, je venais de refermer le 4e tome des Sambre, avec le désespoir qui s'impose, et regardais le cou de ma petite tortue en bois se balancer au rythme des allers-retours du ventilateur quand je me suis dit: "faut qu'j'écrive".

Hélas... Il était 23h passées et la moiteur ambiante, alliée à de vieux restes de décalage horaire, m'empêchait d'envisager toute activité créative (toute activité quelle qu'elle soit, même) avant d'être passée par la case "lit".

Je n'ai donc pas écrit...

La moiteur n'a pas disparu. Les restes du décalage horaire non plus. Mais on est un peu plus tôt dans la journée, à une heure où je suis censée travailler et où mon blog délaissé me paraît soudain incontournable...

"Faut qu'j'écrive!"
Ca fait longtemps que je me le dis...

Au sortir de l'avion, déjà, je voulais raconter ce rose profond, presque surnaturel, qui enveloppait le Saint-Laurent quelques jours plus tôt, pour l'un de nos derniers réveils québécois. Un rose de carte postale que mon petit homme était allé photographier, livrant une guerre sans merci à des moustiques qui ne demandaient qu'à le manger. Je l'avais trouvé beau, ce matin-là. Poète, artiste, et courageux. Rien de nouveau, en somme, mais au carré, au cube de ce que je ressens d'habitude. Une apothéose kitsch sur fond de lever de soleil invraisemblable. C'était avant de me rendormir. Et avant les baleines...

"Faut qu'j'écrive!" me suis-je ensuite dit en retrouvant Bruxelles. Parce que décidément, cette ville me guérit de tous les retours de vacances. Quand elle s'ensoleille, surtout. Elle a ce charme un peu quelconque mais familier des villes qui n'osent pas trop briller. Ces absurdités, aussi, qui, du premier coup d'oeil, me font dire "c'est chez moi" (le lendemain de l'atterrissage, les mots "tram 51" affichés en gros... sur un bus) et "j'aime ça".

"Faut qu'j'écrive!" me suis-je dit quand j'ai repris le travail, et le goût du travail. Un goût de thé vert à la menthe qui, dès que j'ai porté la tasse à mes lèvres, m'a fait l'effet d'une madeleine de Proust. A cette différence près que la madeleine ranime des souvenirs d'enfance là où mon thé me renvoie, à peine, au début du mois... Saut de puce qui n'est cependant qu'apparent. (Et quand bien même: ça saute loin, les puces, croyez-en mon expérience!) J'avais eu le temps d'oublier. Un peu... Et il me faudra quelques jours, encore, pour retrouver les souvenirs enfuis.

"Faut qu'j'écrive!" me disais-je enfin avant de commencer ce post, sans très bien savoir ce que j'allais raconter.

Donc voilà...
J'ai écrit.
Et j'ai vaguement l'impression de n'avoir jamais atterri.

lundi, juillet 07, 2008

Gros becs de Montréal

Je continue... A ne plus être là. Et pour cause! Demain, je prends l'avion pour une destination au long cours.

Montréal. Québec. Canada. Amérique du Nord.
"Nouveau monde".

Mes premiers pas sur le continent américain sont pour demain fin de journée (heure locale).

De retour dans deux semaines, j'espère être un peu plus loquace. Promis ;-)

D'ici là, soyez heureux.

mardi, juillet 01, 2008

And every breath we drew was hallelujah

Vacances…

Je pensais, en commençant à travailler, que je ne m’habituerais jamais au rythme non scolaire. Tous ces jours de bureau pour seulement quelques semaines de congé par an constituaient, dans mon imaginaire de jeune employée, une masse insurmontable, un gouffre, un abîme où se noyer.

Mais j’avais tort de m’inquiéter. On s’adapte... Si le boulot est chouette, si l’idée d’y aller ne donne pas les pieds de plombs, on s’adapte à tout. Et plus facilement qu’on ne le croit.

N'empêche...

Ces derniers jours de bureau avant le grand voyage ont une légèreté particulière. Même les engueulades qui se multiplient curieusement depuis quelques temps, me passent au-dessus de la tête sans m’effleurer le moins du monde. C’est triste pour les gens concernés. Mais… Ca passera avec les congés.

C’est l’été…

Mes neurones pétillent à la simple évocation de ce mot. « É-té ». Deux syllabes qui sentent la crème solaire et le barbecue, la toile de tente, l’herbe séchée, la sangria. Et les caresses... (celles du vent, celles du soleil... Les caresses. Tout court.)

Je me perds en pensées de préparatifs, sans avoir encore bougé le petit doigt pour mes bagages. S’il n’y avait ce mail, qui me turlupine depuis que je l’ai envoyé (ai-je bien fait ?), et ce qu’il y a derrière, s’il n’y avait ce brin de stress latent, la vie serait pleine, ronde. Parfaite, en somme.

mercredi, juin 25, 2008

Rencontre interculturelle

Scène de rue. Un homme, apparemment sympathique, qui cherche son chemin. Moi, mon ipod dans les oreilles, qui vais au boulot...

LUI: Olalala! Le sens de l'orientation et moi, ça fait vraiment deux, hein!
MOI (ralentissant et m'apprêtant à sortir un écouteur de mon oreille): ... ???
LUI: Excusez-moi! Le boulevard Anspach, s'il vous plait.
MOI: Ah, c'est complètement dans l'autre sens! Deuxième à gauche.
LUI: Ah merci!
MOI: Je vous en prie.
LUI: Vous savez, je viens de France et à Lyon ou à Paris, les rues sont bien dessinées!
MOI: ...
LUI: Alors qu'ici... Un vrai labyrinthe, hein!
MOI: ...

Ce qu'il ignore, sans doute (c'est vrai qu'on a l'air un peu abruti, vu comme ça), c'est qu'il arrive à l'autochtone de se déplacer... Certains ont déjà vu Lyon ou Paris. Parfois, ils y ont même vécu! Et ils savent qu'en fait de rues bien dessinées... PARIS C'EST PAS NEW-YORK NON PLUS!!!
Non mais oh, faut pas déconner.

LUI: Bon ben merci, hein, bonne journée!
MOI: Oui, c'est ça, oui...

(J'T'EN FERAI BOUFFER, MOI, DES RUES BIEN DESSINEES!)

samedi, juin 14, 2008

Et j'ai peur de mon coeur... cassé (?)

Samedi soir sur la terre, en ce début d'été qui n'arrête pas de pleuvoir.

J'ai le coeur en demi-teinte...

Heureux pour moi, dès que j'arrête de courir et d'avoir peur de tout. Dès que je prends le temps de respirer. Ce coeur dégoulinant de bonheur. Mais parcouru d'ombres, parfois, quand on prend la peine de creuser un peu. Triste pour les rêves qui s'effrondrent. Pas les miens mais qu'est-ce que ça change? Quand ce sont ceux d'un ami et qu'on est obligé de le regarder, les bras ballants, en disant que ça ira, qu'il y en aura d'autres, des projets et des envies... Qu'est-ce que ça change? C'est toujours triste...

A part ça, je sens que je m'éloigne. D'ici... Les posts se font de plus en plus rares et s'écrivent à l'arrache. Dans des moments parenthèses. Je ne sais pas très bien si c'est la maturité, enfin, qui vient m'enlever ce besoin de blogger, blogger pour m'exprimer, blogger pour exister, ou si c'est juste, comme ça m'est déjà souvent arrivé, une phase... Ravaler les mots, maintenant, pour mieux les vomir après.

On verra...
En attendant, je voulais remercier ceux qui continuent de me lire. Malgré les silences.
Et leur souhaiter un très beau samedi soir, ou dimanche, ou lundi...

Je reviendrai.

mercredi, juin 04, 2008

Histoire de soufflé

Lundi soir à 23h20, j’étais bloquée devant Grey’s Anatomy. Pas que je sois particulièrement fan de cette série mais c’est le genre de programme qui passe bien quand une angoisse sans la moindre cause identifiable rend le lit trop grand et le sommeil impossible.

A minuit, j’y étais toujours, découvrant avec stupeur la mère de Meredith et la grossesse extra-utérine de Cristina.

A minuit trente aussi.

Il y a des soirs comme ça…

Je n'ai pas d’explication. Juste… la « peur du soufflé ».

Je ne me souviens pas avoir mangé de soufflé ou alors, si, peut-être, une fois, quand j’étais très petite. Je n’ai aucune idée de la manière dont ça se cuisine. Pas de souvenir du goût que ça a. Mais je sais une chose : quand ça refroidit, ça retombe, et ça ne ressemble plus à rien.

Je crois que c’est ça… Grey’s Anatomy ou n’importe quel programme facile contre la peur du soufflé. L’angoisse du moment où mon bon gros soufflé de vie, gonflé à bloc et délicieusement savoureux, s’effondrera sur lui même. Plat. Insipide. Inutile.

A une heure moins le quart, j’ai laissé le dernier épisode se dérouler sans moi et j’ai rejoint un lit où j’ai plus ou moins dormi.

Le lendemain, je n’avais plus peur.
Au contraire…
A votre avis, un soufflé, ça peut gonfler longtemps sans exploser ?

vendredi, mai 23, 2008

De battre mon coeur a continué

De Cannes, je n'ai ramené que des images sans lien avec le festival. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir senti battre mon coeur, boum boum, boum boum, boum boum... Plusieurs fois. L'apothéose des émotions revenant à "mes" producteurs - D. et O. parce qu'il a bien fallu choisir. "Mes producteurs" sous le feu des projecteurs.

D. sur la scène de cette salle pleine à craquer, D. sans qui je n'aurais pas eu ma place, justement, dans cette salle. et D. qui faisait l'imbécile, quand je l'ai félicité pour le film. "Quel film? Quoi? :)" Il faut dire qu'il avait de quoi être à côté de ses pompes, le petit: c'était drôlement bien! O., le lendemain, avait droit à un honneur supplémentaire: les marches rouges. Lorsque je l'ai vu débarquer, noeud pap' et smoking de circonstance, y a pas à dire, j'étais vachement fière! Ridiculement fière, d'ailleurs, parce que bon... son film, je n'y suis pour rien. Mais voilà... C'était O.! Et didjuuu! Pourquoi la caméra, elle ne montre que les réalisateurs et comédiens???

Et dire que j'ai failli la rater, cette montée des marches! Dans mes souvenirs, le film était à 20h... J'avais erré jusqu'à 18h50, un peu esseulée par la perte, dans l'après-midi, de mon compagnon d'errances cannoises (lui) si bien que lorsque je suis arrivée, Nathalie, Monica, Jackie, Alain et tous les autres étaient déjà passés. Ne restaient plus que des personnalités belges. Et l'équipe du film, qui arrivaient en même temps que moi. La foule, massée comme toujours, était nombreuse mais très calme. Elle avait déjà eu sa dose de glamour. La mienne tenait toute entière dans cette dizaine de personnes dont, pour certains, je ne connaissais pas les visages il y a un an. "Mes" stars... Un grand moment (pour un film qui ne l'est pas moins! Mais bon... Je ne suis peut-être pas très objective...)

Pour le reste, Cannes m'a fait moins d'effet que l'année dernière. Derrière les cocktails à répétition, il y a comme une lassitude à revoir toujours les mêmes têtes, buvant le même champagne et souriant aux mêmes blagues. La fête des belges était bien. Les conversations en bord de plage aussi. Mais la météo nettement moins. Et mon petit coeur battant presque autant pour l'Absent que pour les marches a repris l'avion pour Bruxelles sans trop de nostalgie, finalement.

Rien à dire... Elle est plutôt jolie, ma vie, en ce moment.

lundi, avril 28, 2008

Madame rêve d'apesanteur Des heures, des heures de voltige A plusieurs

Ils ont l’air petits, comme ça, à première vue. Si petits qu’on se dit : quand même, payer 5 euros pour manger trois pâtes, c’est un peu cher, non ? (Non ?) Mais ce n’est qu’illusion… Si quelques regrets s’emparent de la dernière bouchée, c’est uniquement parce que c’est bon et que les papilles, voraces, en redemandent. L’estomac, lui, est rassasié depuis un bout de temps déjà.

Il est cher, ce quartier… Cher et un brin trop branché. Légérement hype. Or, qui dit « hype » dit souvent snob ou méprisant, dans ma bouche. Mais lui, je le lui pardonne. Je lui pardonne tout, d’ailleurs, à ce quartier. Parce qu’il retient mon cœur, depuis de longues années. Et que mon cœur vibre…

Je me mouche pour la dixième fois depuis ce matin. C’est louche. Je sais que cet enfoiré de rhume à répétition n’attend qu’un signe de faiblesse de ma part pour s’abattre sur moi. Mais qu’il ne se fasse pas d’idées : je ne vais pas lui faciliter la tâche.

Je l’emmerde.
Ou, mieux: je m’envole.

Ma vie, en ce moment, se situe dans une bulle à deux ou trois mètres du sol. Rien ne m’atteint et je n’attends rien. Rien (?) sauf ses coups de fils. Rien sauf ses mains, ses mots dans mon oreille, son souffle dans mon cou. Je n’attends rien sauf lui.

C’est une bulle de joie béate, naïve, vouée à exploser un jour ou l’autre. Une bulle dans laquelle on se sent complètement nœud nœud, tous les deux. Mais on s’en fiche. Pour l’instant, on rit…

(Sur ce, je vous laisse : j’ai un anniversaire à souhaiter, ici… Car je crois que, pour une fois, je n’ai pas oublié)

lundi, avril 14, 2008

A l'heure anglaise

Ce matin, en plongeant ma main dans ma poche, j'ai souri d'y trouver quelques résidus de 'pounds'. Trente centimes rescapés de ma pêche de poche, en plein stress, dans ce métro qui nous ramenait à Saint-Pancras. "Tiens, tu veux des pounds? Ils te seront plus utiles qu'à moi..." Des centimes tout moches (le profil élizabethin n'est pas beaucoup plus passionnant que celui de notre Albert national) qui ne vont pas tarder à élire domicile dans un de mes tiroirs... Jusqu'au jour où j'y retournerai.

Je gémissais, ces derniers temps, de ne pas voir passer mes week-ends. Dans le genre "je persévère et, même, j'aggrave mon cas", je crois que je me suis pas mal débrouillée ce week-end... Pourtant, on ne peut pas dire que je ne m'étais pas donné les moyens de l'étirer: au lever, samedi, je gagnais 4 à 6h de vie-hors-de-mon-lit sur mon horaire habituel. Mais voilà... En sautant dans l'Eurostar, nous avons pris la vitesse du train et elle ne nous a plus lâchée ensuite. "Le rythme londonien", on appelle ça...

C. et ses petites jambes l'ont bien adopté, mine de rien. Hey, ça compte, quand même, cinq mois de vie! Cinq mois durant lesquels on s'est à peine vues. Il y a des retrouvailles qui ont un goût de chocolat... Pendant deux jours, on lui a donc emboité le pas, courant, volant, arpentant les quartiers en long, en large et en travers, pour notre plus grand plaisir, jusqu'à l'épuisement (je me souviens d'un restaurant indien où nous avons tous failli mourir de fatigue dans nos assiettes. Et pourtant, fucking hell, c'était bon!)

Dimanche, dans le train de retour, attrapé de justesse (je pensais qu'il partait environ 20 minutes plus tard, en fait... Jusqu'à ce que je regarde les billets... au dernier moment), pas moins de 41 heures avaient passé depuis mon lever aux aurores du samedi. 41 heures filantes, qui nous ont laissés sur le quai, hébétés et souriants.

Dans le train de retour, il me murmurait "Please, mind the gap" et, dans un demi-sommeil, je revoyais, entre autres milliers d'images, une foule chantant, dansant et scandant Krishna.

Sinon, je suis en retard sur toute ma vie. Mais c'est pas grave (du tout)...

mardi, avril 08, 2008

C'est la saison des amours Et la saison des allergies

17h20, je ne travaille plus, je m'évade...

C'est comme ça depuis le début de la journée, le début de la semaine, le début du mois. Mais c'est pas ma faute, hein. Non, non. C'est pas moi! C'est ce truc dans l'air... Un pétillement, trois fois rien, ce léger tournis.

Le printemps.

Ce n'est pas la météo, pourtant.
Bon, c'est vrai, il y a un peu de soleil, au réveil, et, depuis le grand méchant changement d'heure, quelques rayons orangés, le soir, devant la télé.
Mais il pleut toujours, par moment, et il fait plutôt froid.
Non, vraiment... Ce n'est pas la météo.

C'est dans les têtes, je crois.
Dans la mienne, en tout cas.

Depuis janvier j'hibernais, jonglant péniblement entre les exigences du quotidien, un boulot envahissant, des week-ends trop chargés et moi... Les peurs, l'immobilisme, les rêves en kit. A monter.

C'est fini, tout ça.
Le printemps et ses parfums enivrants sont là. Je les sens.

J'ai un concours de scénarios à organiser, une chanson à écrire, du sport, des jeux, des amis à (re)voir, des sourires. Et une histoire! J'ai une histoire à construire.

Le printemps est là.
Il ne s'échappera pas.

samedi, mars 29, 2008

Let us tell you how far we are near

A 23h, vendredi, l'escalator de Louise gémissait comme un enfant fatigué. J'écoutais son cri et m'en amusais en m'enfonçant dans la station. Un cri progressivement couvert par la musique classique que la STIB diffuse depuis quelques mois, en soirée, pour éloigner les bandes de jeunes... (Véridique, paraît-il! Ca fait sourire, hein?)

A 23h, vendredi, je m'amusais de tout. Même de l'oubli, au café, du "béret" censé me protéger de la pluie dans les prochains jours (quelque chose me dit pourtant que je vais en avoir besoin...)

A 23h, vendredi, j'avais trois bières et quelques cacahuète dans le ventre. Et la tête vaguement brumeuse. Trois bières! En ce moment, je suis ou très vieille ou très fatiguée. Mais qu'importe...

A 23h03, vendredi, je m'asseyais sur un banc du métro en pensant que, putain, il est si beau, parfois, et j'ouvrais avec délice "leurs vies éclatantes" à la page où je l'avais laissé.

23h, vendredi, c'était vachement bien...

mercredi, mars 26, 2008

Alors Bruxelles, je te la donne Mais faut l'dire à personne

Ca y est...
Ca fait 25 ans
25 ans que je suis née dans cette ville
25 ans que je l'attends.

Je suis
officiellement
bruxelloise!

Deux mois de formalités, environ, pour obtenir l'encodage de cette nouvelle adresse dans ma carte d'identité.

Mais ce matin, enfin, la dernière étape.
La maison communale.
Le long couloir qui continue au-delà de l'office des étrangers.
Tous ces gens qui attendent...
Les dépasser en pensant aux formalités qu'ils doivent remplir et à côté desquelles, mes deux mois d'attente, les visites à la commune et au commissariat représentent bien peu de choses.

Arriver finalement devant les 8 guichets pour les services à la population.
Et donner ma carte d'identité en ayant une pensée émue pour les files d'attente à Wez. Wez et ses 3 pauvres employés communaux.
Pas de regret.

La neige a fondu, cette nuit.
Mais, hier, sur le trottoir, des gamins ont eu le temps de construire des bonshommes avec les derniers flocons ramassés sur les voitures.

vendredi, mars 21, 2008

De la pluie et du beau temps (interminable hiver)

Mardi, entre trois réunions, un moment de détente à l'appart. Un rayon de soleil, bien vite disparu mais...

Capturé! (Par chance, mon appareil photo traînait par là...) Il semble pâle, ce rayon, avec le recul. Pourtant, il était bien présent, ce jour-là. Puissant.

Aujourd'hui, premier jour du printemps, il neige pour la première fois depuis le début de l'hiver. Logique. Quand je suis rentrée, vers 19h, mes velux étaient blancs, couverts de flocons. Ca n'a pas tenu... Je me rappelle des hivers de mon enfance, avec des journées entières, parfois des semaines, de neige que les pas des passants et les roues des voitures rendaient brunâtre, boueuse, dégueulasse.

C'est curieux de constater qu'à ma petite échelle de 25 ans, j'ai déjà bien connu le réchauffement climatique... Et paradoxal de penser que j'ai froid, malgré tout.

(Sinon, ça va, hein... La météo ne fait, heureusement, pas tout)

lundi, mars 17, 2008

Et si vous ratez votre dernier train...

Bruxelles-Liège, ce samedi.

Juste pour m'obliger à tenir mes résolutions...

samedi, mars 15, 2008

Se perdre pour se trouver...

Ca fait quelques jours qu'ils résonnent en moi, ces cinq mots abandonnés par un poète de rue (le même que celui qui raye les trottoirs parisiens de "perdre sa vie à la gagner"?) au coin d'un immeuble de mon quartier. Cinq jours que je les tourne dans tous les sens en me disant que putain, c'est un peu ce qu'on fait, là, précisément.

Se perdre. Donner l'impression de s'éloigner. Lâcher. Lâcher. Lâcher.
Et finalement. S'envoler.
C'est ce que j'ai toujours cherché à faire, je crois. Me perdre. Me trouver. Et depuis qu'il est entré dans ma vie: le trouver, lui. Quitte à le perdre quelques instants. Quitte à s'abandonner.

C'est ce qu'on fait là.
Et on dirait bien que ça marche...

Le soleil a refait surface, ce matin, perçant enfin les masses nuageuses, pluvieuses, tempétueuses dont s'habillait le ciel, ces temps-ci. J'ai ouvert toutes les fenêtres. La météo répète qu'elles seront de courte durée, ces éclaircies, mais qu'importe, j'ai décidé de ne pas l'écouter. (Ouais! M'en fous!)

C'est nouveau, le soleil à Saint-Josse, l'envie que ça dure et la confiance. On ne les a pas connus depuis que je suis ici (ou à peine). Il y avait quelques rayons pour nous taquiner et nous faire un peu suer, le jour du déménagement. Et depuis plus rien... Avril, l'année dernière, je n'étais pas encore ici. Avril et le délicieux printemps 2007, c'était avant... Et il s'est passé tant de choses incroyables, depuis, sous des cieux plus ou moins gris, tant de choses que ça donne un peu le vertige...

En allant faire des courses, tout à l'heure, j'ai vu une nuée de gamins sortir de l'école coranique. Dans mes souvenirs de catéchisme, même les plus lointains, même dans les quartiers les plus mondains, je n'en avais jamais vu autant. Mais du temps de mes parents, peut-être...

lundi, mars 10, 2008

Rayer mon nom de toutes les listes Et m'effacer du paysage

Il y a cinq minutes, le site de l'aéroport... J'y ai vu un avion pour Lyon, prévu pour 19h50, qui a décollé à 22h20.

A 22h20, j'étais devant Babel et il avait arrêté de pleuvoir, je crois. Je crois... Mais c'est loin, déjà. Le vent rend les gens nerveux. Et la pluie aussi.

A la sortie du bureau, je les regardais courir dans tous les sens, avec un demi sourire. Je me croyais au-dessus de ça, moi. Tellement plus haut! Mais évidemment... je me trompais.

Un week-end de (pur!) bonheur vient de se diluer sur mes vitres et dans mes yeux. Ma petite communauté hippie n'a laissé aucune trace et ces putain d'angoisses sur lesquelles je n'ai aucune prise en ont profité pour ressurgir. Les siennes, les miennes, tout est pareil. Elles se confondent, à la longue. Et je ne sais plus... Je sais plus si j'ai la force pour ça...

Dans mon tiroir, après le site de l'aéroport, une lettre, que j'avais gardée pour après...
Sourires un peu tristes. Mais sourires.

Cette nuit, peut-être que j'arriverai à dormir.
Hum.
Peut-être...

mercredi, février 27, 2008

Mon amour, j'ai pensé avec naïveté Qu'un brin seul de muguet pourrait te ramener

Lundi, un début de bouton faisait comme un pli sur ma joue. Comme si tu avais trop dormi.
C'est amusant.
Trop dormi....

Avec le temps, j'ai perdu le sens de cette expression. J'alterne les périodes de veille et de sommeil. Nuit et jour. Et je confonds tout.

Mardi, la pluie dans mon cou me faisait sourire. C'est rare... Mais ces milliers de petits baisers, si familiers, si souvent ressentis avaient quelque chose de réconfortant.

Et puis, ce matin... Un goût de printemps dans l'air. Et une putain d'envie que ça dure.

J'peux pas faire semblant, tu sais. J'peux pas... Non, je sais. Tu n'es pas un tricheur.

Et je suis pas toujours sûre de pouvoir en dire autant...

vendredi, février 22, 2008

Et jusqu'à en devenir sale, et jusqu'à en devenir sale mon amour...

T. gribouille des tornades sur ses feuilles quand il parle. Il illustre ses propos, par des flèches et des ronds. Ses doigts immenses qui s'entortillent autour du stylo me fascinent. Ces doigts-là ne sont pas faits pour penser. Ils sont faits pour sauter, rire, danser sur un clavier. Je me demande s'il le sait... T. est juriste. Mais il devrait être pianiste.
Peut-être l'est-il, d'ailleurs, à ses heures perdues?
Avec des doigts pareils, il doit l'être.

C'est un gars intelligent. Comme à peu près tout le monde autour de cette table. Quelque part, au milieu de la réunion, je me prends cette pensée en pleine figure. "Je ne travaille qu'avec des gens brillants." J'ai de la chance.... Parfois, je me sens toute petite à côté d'eux. Minuscule. Ridicule.

Mais... C'est bien...

Je respire à plein poumons. De bonnes bouffées d'air pollué. Bruxelles me comble... Dimanche, des drapeaux kosovars passaient en voiture et il a fallu que le plus instruit d'entre nous nous l'explique. Jusque là, je me demandais ce que c'étaient que ces aigles noirs, aux airs triomphants, sur fond rouge. Equipe de foot? Parti politique? Quand j'ai su, j'ai souri. De moi-même et des autres. "Peut-être que Justine Henin a gagné à Anvers?" "Mais non! Rien à voir! C'est pas des drapeaux comme ça!" En effet... Le Kosovo a beau être dans toutes nos télés... il est bien loin des préoccupations des gens de chez nous (moi y compris).

mercredi, février 20, 2008

Quand on a un marteau dans la tête, on voit tous les problèmes comme des clous

A mon dernier examen de néerlandais en secondaire, je me souviens avoir affirmé que les jeunes ne s'intéressaient pas à la politique. Et que c'était plutôt normal. "Politiek is saai" Je ne crois pas l'avoir dit comme ça mais je le pensais. J'avais 17 ans...

Depuis, j'ai revu mon point de vue. Pas un jour ne se passe sans que je me politise. Ou que je m'associatise, je sais pas... Et pourtant, je n'y parviens pas vraiment. Pas totalement. Hier, par exemple, je préférais ses bras, et Arte, à une réunion de la locale, beaucoup moins glamour. Je ne crois que j'ai envie de ça. Pas encore. Mais...

Pas un jour ne se passe sans que je me dise que ce monde, tel qu'il fonctionne, aujourd'hui, n'en a plus pour longtemps. Il se vide de sens, tous les jours. Et moi... Moi, je me cherche encore...

dimanche, février 10, 2008

I see you in the smoke Sliding down the cocaïne row

Hier, en début de soirée, ils distribuaient des Motilium à ceux qui avaient des maux d'estomac. Ca donne une idée de la qualité de ce qu'on nous fait avaler, tous les week-ends.
Curieusement, je résiste assez bien...
(Enfin, je ne parle pas des insomnies, ni de la migraine carabinée d'hier parce que bon... Ca, c'est normal...)

C'est étrange, ces semaines... Quelques dossiers cinéma à gérer, quelques réunions, des congés éparpillés au milieu de tout ça, bourrés de courses frénétiques et d'envies de piscine mais pas là, pas maintenant, pas l'temps. Et puis, des week-ends en orbite, passés quelque part entre l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud. Des "pfff", des "haaa?", des "hééé!", des "grrr, je n'aime décidément pas la Banque Mondiale!" Il y a ces "cours" comme à l'école sauf que jamais à l'école je n'ai aimé apprendre comme aujourd'hui. Et ces inconnus, qui deviennent familiers, ces petits jeux pimentant les pauses, ces déceptions toujours plus profondes face aux plats de la cantine. J'en profiterais mieux, sûrement, s'il n'y avait pas cette fatigue, aussi. Mais qu'importe...

Ca (r)ouvre des horizons...

Pour le reste, j'ai trouvé une louche mais finalement pas d'entonnoir (un porte-filtres-à-café, ça devrait convenir) et il va falloir que j'accepte un jour de ranger (jeter (???) (...) non) la tour Eiffel dégonflée qui s'appuie piteusement contre un mur de mon salon.

Le soleil nous arrose de ses rayons.
Le ciel est merveilleusement bleu...
et toujours plein de questions.
(Mais ça aussi, c'est normal)

mardi, janvier 29, 2008

Mon Dieu, comme j'étais beau Putain... Comme j'étais en vie!

En ce moment, la grosse blague récurente, c'est "VOO", le kit télé-téléphone-internet-trois-en-un qui fait son trou, face à Belgacom et Coditel.

"Vous comprenez, si Belgacom le fait aujourd'hui, demain ce sera VOO, enfin, je veux dire pas "vous". "VVVVOOOOOO"" (et d'imiter le cri de l'émeut (comprenne qui pourra, c'est-à-dire pas grand monde, désolée pour les autres ^^) avec une sorte d'accent italien poussé).

Nos réunions sont pétillantes, drôles et je me prends à m'attacher de plus en plus à tous ces gens. Quand P. parle, tout ce qu'il dit a beau avoir un coût (sic madame la Ministre, moqueuse), il a cette passion qui le porte et qui me laisse sans voix.

Résultat: je me coule dans une cyclothymie délicieuse. Haut, bas, pile, face, nuits affreuses, nuits merveilleuses. J'ai décidé de ne plus calculer. Et c'est bien...

jeudi, janvier 24, 2008

I'm not there

(post réécrit à chaque relecture. Ce n'est pas ce que je voulais dire, je crois. Mais tant pis... Je n'y touche plus)

Il est tard, ce soir, et pourtant...
J'ai ce besoin de jeter quelques mots sur la toile.
Cette envie de jouer.
A pile ou face.

Pile ET face, en fait.

Pile...

I'm not there.
Je ne sais pas où je suis mais c'est vrai... Pas .
Je nage quelque part, dans l'écran.
Les neurones pétillants.

Face...

Un instant perdu.
Entre deux mails et deux coups de fil, j'attends que l'eau du thé soit chaude. La ville s'étend à mes pieds et j'ai décidé d'en profiter. Avant les nouveaux bureaux, le nouveau quartier, avant ce déménagement, que tout le monde attend mais qui nous enlèvera cette vue incroyable.
Je repense à Amélie Nothomb dans "Stupeurs et Tremblements".
A ses envies de défenestration.

Pile.

Ses lèvres sur ma main, c'est à peine si je les sens.
Le cinéma m'électrise toujours autant.
Et les notes de Dylan...

Face.

Bruxelles est là, à mes pieds, avec ses toits de tuiles rouges et noires et, si je voulais, je pense que je pourrais voler.

Pile.

J'aimerais pouvoir les écouter indéfiniment.

Face.

Non...
Je suis sûre que je pourrais voler.

Pile.

Je me suis remise à lire, dernièrement.

Face.

L'eau du thé met du temps à bouillir...
Prolongeant mon tête à tête avec le ville.

Pile.

Un peu de tout.
Un peu partout...

Face.

Au loin, si on regarde bien, on peut apercevoir un coin de ciel bleu.
Minuscule.
Si seul...

Pile.

En ce moment, c'est le 5e épisode des chroniques de San Fransisco.
Toujours aussi facile.
Toujours aussi délicieux.

Face.

Janvier est pâle, endormi, humide.
Il me ramène à moi-même.
A ces traces de lui auxquelles je m'accroche, quand il n'est plus là.

Pile.

Cette légèreté nouvelle...

Face.

Mais à quoi ça rime, tout ça?
A quoi ça sert si tout est toujours à recommencer?

Pile.

Je n'aurais pas cru qu'on y parviendrait...
Elle n'était pas là, au début.
Je ne sais pas où elle était.
Mais c'est vrai... Pas .
Et je pensais que...

Face.

Ce trou dans le ventre, parfois, ça n'a pas de sens.
C'est moche...

Pile.

Je me trompais...

Face.

Janvier humide, endormi l'est un peu moins depuis quelques jours.
Mais au réveil restent des questions...

Pile.

La vie m'électrise toujours autant.

Face.

Encore des questions.

Pile.

J'aimerais sauter dans les flaques.

Face.

Toujours des questions...

Pile.

Ah mais tiens...
Y a plus de flaques.

Face.

(Et je ne m'arrêterais jamais de jouer)

dimanche, janvier 13, 2008

Là où je suis née Il n'y a pas de gare J'y vais en secret Rien que de mémoire

Tout à l'heure, dans le métro, j'avais chaud. Trop chaud. A présent, j'ai froid. C'est encore cette putain de fatigue qui veut ça. La fatigue et la peur de l'oreiller... Cette peur d'être là, à chercher le sommeil dans tout les sens sans parvenir à le trouver.

Je "mélancolise", dans ces moments-là.

Je repense à cette minute et à toutes les autres, banales, où j'ai voulu quelque chose que je n'ai pas trouvé. On sortait du cinéma. Je n'avais pas la force de faire autre chose que rentrer chez moi. Il m'a serrée contre lui, m'a dit ces mots qui me font toujours sourire. Puis, il est parti. Et j'ai commencé à descendre les escaliers.

Cette minute, qui n'en était même pas une (15, 20 secondes tout au plus), m'a trouvée là, sur la deuxième marche vers le métro. Je l'ai regardé s'en aller et j'ai voulu quelque chose, je ne sais pas précisément quoi, qui n'est pas arrivé. On n'était plus au cinéma, là. On était dans la vie... La "vraie vie". Celle où les hommes ne partent pas à la guerre et où on ne fait pas l'amour à la sauvette dans des bibliothèques. "Reviens-moi", ai-je pensé... "Reviens-moi". Mais il était déjà loin. Alors, je me suis retournée, moi aussi. Et j'ai pris mon métro.

Cette minute, qui n'en était pas une et s'est envolée comme les autres, s'est calée quelque part dans mes souvenirs. Au fond, je l'ai toujours su, on est seul... Tous... Et je n'échappe pas à la règle. C'était une minute de solitude universelle. Un instant mélancolique et beau, qui me rapproche des gens.

Une minute envolée.
Quelque part.
Mais toujours là...

vendredi, janvier 04, 2008

Il paraît qu'il faut s'habituer à des printemps sans hirondelles

... Ah oui? Je ne sais pas...

Minuit trente-sept. Les mégots s'accumulent dans le cendrier Fouquet's et je devrais dormir depuis longtemps. Je devrais vraiment dormir... Mais...

Je ne peux m'empêcher de penser au petit bonhomme de 6 centimètres qui pousse dans son ventre. Chaque seconde le/la rend plus grand(e) et... C'est dingue. Si on m'avait dit que 2008 commencerait sur une nouvelle comme celle-là, je n'y aurais pas cru.

Un bébé dans l'année... Alors, oui! Je crois qu'en 2008 et dans les 100 années à venir, au moins, il y aura encore des hirondelles au printemps. Ne serait-ce que pour le/la voir grandir.

mardi, janvier 01, 2008

Nouvel an bilan

1er janvier, ça y est... C'est reparti pour un tour.
Et qui dit nouvel an, dit forcément bilans...
C'est con, parce qu'on pourrait tout aussi bien se regarder le nombril le 15 mars ou le 25 septembre.
Mais voilà. Le 1er janvier, on sait qu'on le fait tous, le bilan. Et c'est sans doute plus rassurant.

Je me souviens.

2005, il y a trois ans... Nouvel an gueule de bois, pour une année confuse, tendue. Ca n'allait pas si bien. Mais quelque part, en germe, y avait des petits bouts de bonheur. Juste... Je ne le savais pas. (pas encore)

2006, ensuite. Nouvel an rieur mais inquiet. Appréhensions en toile de fond. Inutiles et sans fondement. Les graines ont fini par germer. Il suffisait de se laisser aller. 2006 fut haute en couleurs... Inoubliable.

2007, enfin. Un jour de l'an tout en attente. Un peu endormi sur ses lauriers. J'osais deux, trois petits rêves, malgré tout. Trop modestes en fin de compte, par rapport à la générosité sans égal de cette année à mon égard...

Aujourd'hui, toutes ces dates appartiennent au passé. 1er janvier 2008, c'est tout ce qui compte. Nouvel an tout simple, plutôt rieur, un brin fatigué. Je n'attends rien d'autre que de me laisser surprendre par la vie.

Sourires et feux d'artifice d'émotions pour cette année que je vous souhaite, à tous, époustouflante...