jeudi, octobre 02, 2008

Money Money Money

5,7 milliards d'euros... C'est la somme dépensée en deux jours par l'Etat belge pour "sauver" nos banques en pleine crise de subprimes (l'équivalent de la crise d'adolescence humaine?) Et le gouvernement de dire que le contribuable ne doit pas s'inquiéter, que c'est "juste" une dette supplémentaire.

"Juste" une dette de... 5,7 milliards d'euros. Une bagatelle, quoi!

Je travaille dans un secteur qui souffre d'un manque chronique de moyens. La "culture", ça s'appelle, et il me semble, à moi (mais peut-être me trompe-je? Naïveté de la jeunesse...), que c'est un merveilleux outil d'expression, d'épanouissement et de réflexions (au pluriel, les réflexions, j'y tiens) sur le monde. Mais voilà... En politique, ça n'intéresse personne.

Et malheureusement, ce secteur est loin d'avoir le monopole du sous-financement. Prenez l'éducation: peut-on me citer UN domaine qui soit plus important pour une société que l'éducation donnée aux générations futures ? Question de point de vue, sans doute, mais moi - et malgré tout l'amour que je porte à la culture - je n'en vois aucun. Et bien l'éducation, en Belgique francophone, est un secteur scandaleusement délaissé. Or, si je sais que tous les problèmes ne se dissolvent pas dans l'argent, on est bien forcés de constater que, quand même, dans bien des cas, ça aide.

Alors entendre répéter à longueur de temps que l'Etat manque de sous pour un tas de trucs et le voir "trouver", en deux jours pour les banques, une somme qui suffirait à doubler d'un coup les budgets de la culture et de l'enseignement en Communauté française, il n'y a rien à faire: ça me fait un peu mal.

Comprenez-moi bien: je sais que si ces banques avaient sombré, cela aurait provoqué un nombre incalculable de drames humains et je pense que l'Etat avait peu d'autres solutions... Mais va-t-on se demander comment ces banques en sont arrivées là? Va-t-on, enfin, en profiter pour jeter un regard critique sur le fonctionnement des finances dans nos sociétés? Va-t-on remettre en question le néo-libéralisme sur lequel toutes nos vies sont fondées? Car c'est bien de cela qu'il s'agit: d'une crise - d'adolescence? Avant le passage à l'âge adulte? Honnêtement, je préfèrerais une crise de la quarantaine ou de la soixantaine: celle d'un système vieillissant en voie d'être dépassé par d'autres (remarquez que d'autres, c'est mieux... ou pire) - du capitalisme. Hier, il fallait être communiste ou anarchiste pour oser critiquer notre système économique. Aujourd'hui il suffit d'ouvrir - un tout petit peu - les yeux...

2 commentaires:

Mickaël-Ephant a dit…

Ah ! "Heureux" de voir que je ne suis pas le seul à râler. A nous aussi, on nous dit de ne pas nous inquiéter, que notre économie est solide et que nos banques/assurances peuvent tenir le choc. Enfin, pour éviter que les gros problèmes se pointent sur l'hexagone, on a vite -et discrètement- renfloué Dexia qui battait de l'aile. Et ouais l'effet domino nous serait fatal.

La France est un pays où il fait bon vivre, où les usines ont décidé de moins polluer (en produisant moins ici et en licenciant plus), où le chômage n'augmente pas (les 41300 chômeurs de plus du mois d'août étaient en vacances longue durée à l'étranger, et sont revenus, voyons...), où l'on est très inventifs (on aime lancer des idées de taxes plus farfelues les unes que les autres).

A ma naissance, il y a quelques temps déjà, la municipalité m'a ouvert un compte d'épargne avec 100 francs. Aujourd'hui, je ne sais pas si ça existe toujours, mais que le nouveau-né se rassure, il est déjà à découvert de près de 18000 euros (eh ouais, une dette publique de 1000 milliards qui augmente de 50 milliards chaque année, ça fait mal). Ceci dit, il se considèrera chanceux, puisqu'il aurait pu être américain, et déjà être endetté à auteur de 59000 $ (si mes souvenirs sont bons...)

"Gardez confiance" dit-il.
Vas-y, prends-nous pour des cons.

[Désolé, petit coup de gueule incontrôlable, et incontrôlé... Tu ne m'en voudras pas, dis, Phiphine ?]

Phiphine a dit…

/MODE GROGNEMENT ON/

Non, tu n'es pas le seul à râler, c'est sûr!

Mais râler dans le vide, contre un système qui s'enraye mais qu'on cherche à sauver à tout prix et sur lequel je crois qu'on ne se posera finalement pas les questions essentielles est un peu désespérant.

Tout comme, d'ailleurs, l'endettement dans lequel on naît. J'ignore à combien s'élève la dette du bébé belge moyen. Mais ce n'est certainement pas plus glorieux...

*soupir*

/MODE GROGNEMENT OFF/