mercredi, septembre 17, 2008

Mais que ferai-je du cahier de solfège?

Une petite enveloppe, en haut à gauche de mon écran et un texte: espace insuffisant pour stocker de nouveaux messages. C'est ce qui m'avertit que mon gsm est arrivé à saturation et que je vais devoir me livrer au rituel - pénible - du tri de mes sms.

Les rendez-vous passés, les messages "organisationnels" sont les premiers à en faire les frais. Mais il arrive que cela ne suffise pas. Viennent alors les souvenirs... Des voeux d'anniversaire, vieux de presque deux ans. Des moments à forte valeur sentimentale mais dont les textes ne veulent plus dire grand chose. Des blagues, des sourires, des clins d'oeil. Supprimer. Certains, avec le temps, sont devenus plus insignifiants que d'autres. N'empêche... Au moment de les envoyer à la poubelle, ça fait toujours un petit pincement au coeur. Dorénavant, je ne me souviendrai plus de ça. En balayant les mots - ces mots que les autres nous ont offerts - on perd des instants de vie. On croit les perdre, en tous cas...

Je viens de passer en revue les sms que j'avais décidé de conserver, jusqu'ici... Aucun ne me semblait superflu mais j'ai quand même réussi à en effacer cinq ou six. Je ne sais pas si j'ai bien choisi... La semaine passée, j'avais rangé mes mails, de la même façon. A cette différence près que la place fait de moins en moins défaut sur internet. Les boîtes mails sont devenues élastiques et les programmes de messagerie permettent de télécharger des kilomètres de textes sur nos disques durs. On les range dans des petits dossiers. Pour plus tard. Quand? On le sait rarement. Plus tard, quand j'aurai envie/besoin de me souvenir. Pour mes vieux jours. Plus tard... Pour mes enfants...

Je ne suis pas sûre que je prendrai jamais la peine de rouvrir ces petits dossiers (et mes pauvres enfants, si j'en ai, se noieraient à le faire, même maintenant. Dans 50 ans, je n'imagine même pas...) Mais savoir que je peux, si je le veux, faire revivre à la demande les mots des autres, ceux qu'ils ont composé un soir sur un clavier d'ordinateur à mon intention, a quelque chose de rassurant. C'est comme les tiroirs bordéliques et les tonnes de photos qu'on accumule dans des albums poussiéreux et des dossiers informatiques. C'est le passé, à portée de main. Une forme de fuite. Confortable.

Parfois, il m'arrive de me dire qu'on vivrait mieux, sans tous ces bibelots. On s'encombrerait moins, on profiterait plus du moment présent, on serait plus transparents, plus propres, plus rangés... Mais peut-être plus chiants aussi. Le désordre du passé est souvent nécessaire pour se repérer dans la jungle des futurs, se sentir avancer, se passionner.

N'empêche... Il faudra un jour que j'apprenne à jeter...

5 commentaires:

Mélie a dit…

et les mails de toi sont dans un petit dossier, que j'ouvre souvent, parce que.

:)

Sociétés et Décadence a dit…

À partir d’un sujet, ma foi, assez banal et très technique, toi, tu parviens quand même, grâce à tes mots et à ta façon magique de les agencer, à faire ressurgir nos émotions les plus intimes.
La poésie, Phiphine, c’est aussi ça…

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord! ;-) Encore une fois merci

Phiphine a dit…

@ Mélie: oui, quand je dis que je ne les rouvrirai peut-être jamais, c'est faux, évidemment. J'en relis un de temps en temps, ne serait-ce que quand je classe les nouveaux, ou qu'un souvenir me pousse à aller dépoussiérer le passé "mailesque".
Mais je sais pertinemment bien que je ne les rouvrirai pas tous... Et pourtant, je les garde (même les échanges les plus banals destinés à fixer un rdv, parfois. Il suffit qu'ils aient un mot, une blague, une manière d'écrire qui me fasse sourire et plouf: ils se retrouvent dans un dossier). Va comprendre.

@ André et Shirley: juste merci. C'est vraiment touchant d'avoir des lecteurs si présents et si encourageants.

Sociétés et Décadence a dit…

Te lire est si agréable ! Alors comment dire autrement ?