mercredi, octobre 22, 2008

JF, 25 ans, cherche temps, désespérément

Dites-moi, vous savez, vous, où on peut acheter un peu de temps? Un genre de distributeur qui, au milieu des paquets de chips et des friandises, offrirait quelques heures de vie en "package".

"Offrir", remarquez, est un bien grand mot. Je suis prête à débourser quelques piècettes, moi, pour une ou deux heures de bonus, certains jours.

"Package: deux heures de rêveries et de détente + supplément gratuit d'une demi-heure de projets d'avenir": 2 euros. Le bonheur! Sauf que ça ne profiterait qu'à ceux qui peuvent se les payer et ça, évidemment, je ne suis pas pour...

*soupir*

Je fais un peu n'importe quoi, ces temps-ci. Entre les verres, les virées avec de quasi inconnus au fin fond de la Belgique et les rendez-vous où j'arrive en retard voire que j'annule au dernier moment. Entre la poursuite, incessante, épuisante du sommeil et les dossiers avec lesquels il me faut jongler à longueur de journée. Entre l'amour, le stress, les obligations, les nouvelles têtes et le reste, tout ce reste que j'avoue avoir un peu de mal à gérer, du coup, je ne sais plus très bien où je suis, moi. J'ai l'impression étrange d'avoir embarqué dans un TGV qui fonce vers l'inconnu et d'être là, en observatrice. Je regarde les choses, je les vis, même, souvent, mais comme si ce n'était pas tout à fait moi: je suis une passagère clandestine. Et, pour tout dire, je ne me souviens plus très bien comment je suis arrivée dans ce train...

De temps en temps, pourtant, presque tous les week-end, même, il m'arrive de très jolies choses, dans ces wagons en folie. Des balades sous le soleil, des amis, des rires et une bonne grosse dose de bonheur dans mes bagages. "Souriez, vous n'êtes pas filmés mais c'est bon pour la santé". Alors, je ne sais pas... Je crois qu'à la longue je me suis attachée à ce voyage. Je n'ai pas envie de sauter en marche. Je crois que je vais rester...

Mais j'aurais besoin d'un peu de temps, pour profiter du paysage.

jeudi, octobre 02, 2008

Money Money Money

5,7 milliards d'euros... C'est la somme dépensée en deux jours par l'Etat belge pour "sauver" nos banques en pleine crise de subprimes (l'équivalent de la crise d'adolescence humaine?) Et le gouvernement de dire que le contribuable ne doit pas s'inquiéter, que c'est "juste" une dette supplémentaire.

"Juste" une dette de... 5,7 milliards d'euros. Une bagatelle, quoi!

Je travaille dans un secteur qui souffre d'un manque chronique de moyens. La "culture", ça s'appelle, et il me semble, à moi (mais peut-être me trompe-je? Naïveté de la jeunesse...), que c'est un merveilleux outil d'expression, d'épanouissement et de réflexions (au pluriel, les réflexions, j'y tiens) sur le monde. Mais voilà... En politique, ça n'intéresse personne.

Et malheureusement, ce secteur est loin d'avoir le monopole du sous-financement. Prenez l'éducation: peut-on me citer UN domaine qui soit plus important pour une société que l'éducation donnée aux générations futures ? Question de point de vue, sans doute, mais moi - et malgré tout l'amour que je porte à la culture - je n'en vois aucun. Et bien l'éducation, en Belgique francophone, est un secteur scandaleusement délaissé. Or, si je sais que tous les problèmes ne se dissolvent pas dans l'argent, on est bien forcés de constater que, quand même, dans bien des cas, ça aide.

Alors entendre répéter à longueur de temps que l'Etat manque de sous pour un tas de trucs et le voir "trouver", en deux jours pour les banques, une somme qui suffirait à doubler d'un coup les budgets de la culture et de l'enseignement en Communauté française, il n'y a rien à faire: ça me fait un peu mal.

Comprenez-moi bien: je sais que si ces banques avaient sombré, cela aurait provoqué un nombre incalculable de drames humains et je pense que l'Etat avait peu d'autres solutions... Mais va-t-on se demander comment ces banques en sont arrivées là? Va-t-on, enfin, en profiter pour jeter un regard critique sur le fonctionnement des finances dans nos sociétés? Va-t-on remettre en question le néo-libéralisme sur lequel toutes nos vies sont fondées? Car c'est bien de cela qu'il s'agit: d'une crise - d'adolescence? Avant le passage à l'âge adulte? Honnêtement, je préfèrerais une crise de la quarantaine ou de la soixantaine: celle d'un système vieillissant en voie d'être dépassé par d'autres (remarquez que d'autres, c'est mieux... ou pire) - du capitalisme. Hier, il fallait être communiste ou anarchiste pour oser critiquer notre système économique. Aujourd'hui il suffit d'ouvrir - un tout petit peu - les yeux...