dimanche, août 26, 2007

L'heure blanche

C'est l'heure où les rues de la ville sont comme éteintes malgré les réverbères qui continuent pâlement d'éclairer les débris de la nuit. L'heure où les bouteille sont devenues cadavres et ceux qui les ont bues, zombis. L'heure des regards fuyants, du corps qui crie sommeil et des âmes en peine, qui rasent les murs. Celle où, quand on croise quelqu'un qui invite à prendre un verre, on s'enfuit... prétextant qu'on n'a "pas l'temps", sans mentir vraiment puisqu'on a rendez-vous avec son lit.

C'est l'heure blanche. Une heure que je n'avais plus connue depuis longtemps...

Paris et les premiers métros qui me ramenaient à la Cité U. Parfois. Je crois que ça date de là... A Bruxelles, les lits qui m'accueillent à l'aube sont souvent situés au centre ville. Du coup, je n'ai pas à sortir et je ne connais pas, tout ça... Louise, le samedi matin, quand les gens s'agglutinent sur le quai en attendant 6h05. Le monde! C'est le monde qui surprend d'abord. Quand on vient de la ville vide, vidée, presque morte, et qu'on débarque dans la station, persuadée - là réside l'erreur fatale - de ne croiser qu'un pelé, deux tondus, l'un ou l'autre noctambule, le pauvre travailleur du matin et c'est tout, on se prend le monde comme une giffle. Louise, le samedi, 6h, c'est un peu le rendez-vous ultime, l'endroit où se retrouvent tous les vaillants qui sont encore debouts. Commence alors la phase d'observation et de questionnement. Où va-t-on appuyer son petit corps meurtri pour lui permettre de tenir jusqu'à l'arrivée du métro? Entre la bande de jeunes en shorts et chemises hawaïennes, les vieux saoûlots qui affichent leurs cernes, les gens apparemment clean et ceux qui ont du mal, affalés, couchés, la tête dans les mains, on a intérêt à bien choisir son voisin (éviter, en particulier, celui qui risque de vous vomir dessus... C'est particulièrement important quand votre propre estomac a déjà un peu de mal avec le Quick que vous lui avez imposé quelques heures plus tôt)

Si l'heure blanche ramène chez eux bon nombre de gens heureux, emballés par la nuit qu'ils viennent de passer, ravis d'avoir tenus si longtemps, elle n'en laisse résolument rien paraître. Car elle est fatiguée, l'heure blanche. Fatiguée et triste. La nuit donne son dernier assaut avant que l'aube, brumeuse, ne s'empare de la ville. Assaut désespéré et vain, qui expire en larmes: la nuit pleure, de mourir si vite.

Que faisais-je, moi, excatement, dans tout ça? A vrai dire, je ne sais pas... Pas plus que je ne sais comment ça a fini, à quel moment l'aube a gagné sur la nuit ni même comment j'ai fait pour garder les yeux ouverts jusqu'à l'arrivée du métro. Je ne sais plus si cette heure, qui était une vraie heure avec soixante vraies minutes, m'a semblée longue ou courte, si j'en ai souffert ou joui, si j'ai eu peur, un moment, de ne jamais retrouver le chemin de mon lit. Ne me reste, en fait, qu'une certitude: au moment de m'écrouler dans mes plumes j'avais la satisfaction non seulement d'avoir passé une nuit d'enfer mais celle, aussi, d'avoir connu, et maîtrisé, l'heure blanche. Délicieux!

vendredi, août 17, 2007

Angoisses politiques

Je viens de croiser un sosie de Didier Reynders dans l'avenue Louise et, à mon grand désespoir, il avait l'air sympa.

J'me console en me disant que c'était sûrement pas lui...

dimanche, août 05, 2007

Ne pas avoir la nostalgie comme unique contenu

Ce matin, pendant que le Dow Jones, le CAC 40 et le Bel 20 perdaient des pourcents et que l'humanité insouciante (+ les vaches! N'oublions pas les vaches!) continuait de rejeter allègrement des tonnes de CO2 dans l'atmosphère, il m'est arrivé un drôle de truc: j'ai rencontré mon double!

Ca s'est passé à Arts-Lois. Elle était assise tout au fond de la station, précisément à l'endroit où j'avais prévu, moi, d'aller tuer les 4 minutes qui me séparaient de l'arrivée de mon métro. Sa petite silouhette, de loin, me rappelait vaguement quelqu'un mais j'aurais été proprement incapable de décider qui. Ce n'est qu'en m'approchant que j'ai constaté qu'elle croisait les bras comme moi et arborait des fringues, une coiffure, une attitude qui auraient tout aussi bien pu être miennes. Ca a brutalement refroidi mon désir de m'asseoir sur ce banc, là-bas, à côté d'elle. Parce que bon... ce n'est pas tous les jours qu'on se croise dans les couloirs de métro. Ca a quelque chose d'étrange et de vaguement intimidant. Alors, j'ai tourné un peu en rond, cherchant à découvrir la nature exacte des marques humides sur le sol et hésitant entre le sang, la bave et le vomi jusqu'à l'arrivée de mon métro.

Mon double, qu'entre temps j'avais un peu oublié, s'est alors levé et nous nous sommes retrouvées nez-à-nez. J'ai cherché son regard avec une pointe d'appréhension - proprement inutile, l'appréhension, puisque je semblais l'intéresser à peu près autant qu'une limace sur un trottoir, qu'on ne voit que parce qu'on veut s'éviter la sensation glauque de l'écrasement de mollusque. J'ai été fascinée de ne rien y trouver de familier. Ce n'était pas J., de journalisme, à qui elle m'avait fait penser l'espace d'un instant, ni personne de l'école, ni C., que j'ai vue quelques fois en concert. Non... rien... Si ce n'est moi! On est entrées dans le même wagon, descendues à la même station et quand j'ai vu qu'elle fouillait son sac à la recherche de ses clés de voiture, dans l'escalator, j'ai vraiment halluciné.

Elle a filé dans son auto bleue, j'ai récupéré la mienne, rouge, et c'est tout... Je l'ai regardée partir, les écouteurs vissés sur les oreilles, tandis que j'enlevais les miens. Et... C'est tout... Après, j'ai passé le reste de la journée à tenter de récupérer d'une innénarable séance de critique ciné nocturne, constaté que le dafalgan à avaler ressemblait vachement à une pillule d'extasy, eu très envie de me remettre à écrire, comme à chaque fois que je vois M., et beaucoup souri, à l'idée que mon double existe quelque part et qu'elle s'ignore complètement. Huhuhu. C'est dingue!

samedi, août 04, 2007

Adulescente

J'ai décidé de grandir. Ca m'a pris comme ça...
J'avais passé la matinée à traînasser, à grignotter, à me laver. Puis j'avais fini sur le net, à surfer sur les blogs de ses amis. Avide, je suis dans ces cas-là. Et pas peu fière. Parce que je les débusque toute seule, les blogs. Au feeling. Il suffit de bien choisir les mots à taper sur Google et ça marche. Trop chouette! Lui, évidemment, il ne le sait pas. Personne ne le sait. J'agis en cachette, dans ces moments-là, comme une cambrioleuse tapie dans l'ombre. Je me fais voleuse de mots et d'émotions. Un jour, sans doute, lui aussi se retrouvera ici. S'il est curieux, il finira par savoir... Alors, il me trouvera comme je suis, adolescente attardée qui se regarde le nombril. Moui...
Mais c'est fini, tout ça. Fini! Parce que j'ai décidé de grandir...
A partir de demain, je vous parle des fluctuations de la bourse et du réchauffement climatique.
Qu'on se le dise!
(Sisi, j'y crois...)