Etranges errances. L'existence me taraude. Où vais-je, exactement? Ca mène où, précisément, tout ça? A cette caisse de supermarché derrière laquelle, muette, je l'écoute me raconter ce qu'elle vit? Le tapis roulant entraîne mes courses, des biscuits et de la crème solaire pour un dimanche à la mer, tandis que je devine les larmes et les angoisses dont sera fait le sien. Main dérisoire posée sur son épaule. Je ne peux rien, et ça me désespère.
J'erre entre la mort et l'amour. Le corps en vrac, enseveli sous les pelletées de sable que je l'ai fait charrier sans la moindre raison logique (des remparts, des tours, l'espace d'une journée, nous aurons été châtelains des plages). Le tête en l'air. Fatiguée, confuse, dissipée par un rebond du coeur que je croyais éteint. A force de s'entendre dire que ces choses-là n'arrivent que quand on s'y attend le moins, on finit par ne plus rien attendre. Du tout. Et pourtant... Deux grands yeux attentifs passent et je m'y plonge avec délices. Je décolle comme une fusée puis redescends, aussi sec. Je me rappelle que je dois me méfier. Moins de lui que de moi. De mes attachements trop précoces et souvent vains. De mes peurs aussi. Surtout... J'erre et je me terre.
Ce soir, un petit vent frais faisait danser ma jupe dans les rues vides de la capitale. Quelques notes me trottaient dans la tête. Abd Al Malik, à défaut de Keren Ann, partie trop tôt, trop vite, sans moi. Quand le rap se fait slam, généreux et sincère, il est capable me faire frissonner. Ce fut le cas ce soir. Et j'ai couru vers le métro pour me sentir exister.
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