dimanche, août 05, 2007

Ne pas avoir la nostalgie comme unique contenu

Ce matin, pendant que le Dow Jones, le CAC 40 et le Bel 20 perdaient des pourcents et que l'humanité insouciante (+ les vaches! N'oublions pas les vaches!) continuait de rejeter allègrement des tonnes de CO2 dans l'atmosphère, il m'est arrivé un drôle de truc: j'ai rencontré mon double!

Ca s'est passé à Arts-Lois. Elle était assise tout au fond de la station, précisément à l'endroit où j'avais prévu, moi, d'aller tuer les 4 minutes qui me séparaient de l'arrivée de mon métro. Sa petite silouhette, de loin, me rappelait vaguement quelqu'un mais j'aurais été proprement incapable de décider qui. Ce n'est qu'en m'approchant que j'ai constaté qu'elle croisait les bras comme moi et arborait des fringues, une coiffure, une attitude qui auraient tout aussi bien pu être miennes. Ca a brutalement refroidi mon désir de m'asseoir sur ce banc, là-bas, à côté d'elle. Parce que bon... ce n'est pas tous les jours qu'on se croise dans les couloirs de métro. Ca a quelque chose d'étrange et de vaguement intimidant. Alors, j'ai tourné un peu en rond, cherchant à découvrir la nature exacte des marques humides sur le sol et hésitant entre le sang, la bave et le vomi jusqu'à l'arrivée de mon métro.

Mon double, qu'entre temps j'avais un peu oublié, s'est alors levé et nous nous sommes retrouvées nez-à-nez. J'ai cherché son regard avec une pointe d'appréhension - proprement inutile, l'appréhension, puisque je semblais l'intéresser à peu près autant qu'une limace sur un trottoir, qu'on ne voit que parce qu'on veut s'éviter la sensation glauque de l'écrasement de mollusque. J'ai été fascinée de ne rien y trouver de familier. Ce n'était pas J., de journalisme, à qui elle m'avait fait penser l'espace d'un instant, ni personne de l'école, ni C., que j'ai vue quelques fois en concert. Non... rien... Si ce n'est moi! On est entrées dans le même wagon, descendues à la même station et quand j'ai vu qu'elle fouillait son sac à la recherche de ses clés de voiture, dans l'escalator, j'ai vraiment halluciné.

Elle a filé dans son auto bleue, j'ai récupéré la mienne, rouge, et c'est tout... Je l'ai regardée partir, les écouteurs vissés sur les oreilles, tandis que j'enlevais les miens. Et... C'est tout... Après, j'ai passé le reste de la journée à tenter de récupérer d'une innénarable séance de critique ciné nocturne, constaté que le dafalgan à avaler ressemblait vachement à une pillule d'extasy, eu très envie de me remettre à écrire, comme à chaque fois que je vois M., et beaucoup souri, à l'idée que mon double existe quelque part et qu'elle s'ignore complètement. Huhuhu. C'est dingue!

2 commentaires:

Gwen a dit…

Sur la petite photo à droite, tu ne me ressembles pas. Je ne sais pas comment tu t'habilles mais, alors, parfois aux petits riens où on aurait pu se croiser un jour.
Je ne sais pas ce qu'il y a dans tes écouteurs.
Je n'ai pas de voiture.
Mais, en te lisant dans l'ascenseur de verre, un de ces jours derniers -le jour nostalgique- c'était un peu voir mon double déambuler du palais de justice à la rue basse.

Phiphine a dit…

Il est beau, ce commentaire. Et touchant.
Et c'est tout ce que j'ai à dire
:-)

(si ce n'est que moi aussi, parfois, je me vois me balader au Japon sans y avoir jamais mis les pieds, grâce à toi. C'est ça, notamment, la magie des blogs: se reconnaître dans les mots des autres)