Je
commence à avoir des craintes pour mon pays.
Absurde Belgique du compromis qui, aujourd'hui, semble s'être enrayée.
Plus de 100 jours sans gouvernement...
Je savais que ça allait être difficile, que les urnes avaient livré un résultat bizarre.
Mais...
Je pensais qu'on s'en sortirait dans une blague, comme souvent.
Et ce ne sont pas les blagues qui ont manqué.
Un premier ministrable qui confond Marseillaise et Brabançonne.
Une liste de solutions "secrètes" qui s'étale dans les médias.
Une mise en vente de la Belgique sur eBay.
Une pétition pour son maintien.
Des pseudos accords, des non, des (madame) nee.
Des (in)formateurs, des négociateurs, des démineurs, des explorateurs...
Mais...
Je commence à avoir des craintes... Et des énervements.
Contre les politiques, les cyniques, les média-tics.
Je sais pour avoir voulu exercer ce métier que c'est excitant, d'envenimer les choses.
Les catastrophes et les ruptures, les craintes et les crises, tout ce qui change de la routine est journalistiquement
beau.
Je me souviens d'un certain 11 mars, à Madrid. Je m'en souviens bien même si je n'y étais pas... A Bruxelles, ce jour-là, au 11e étage d'un bâtiment universitaire, quelques jeunes gens s'entraînaient à devenir journalistes. J'étais de ceux-là.
Je me souviens qu'on avait déjà fait la réunion de rédaction quand il a fallu tout chambouler parce que des gens étaient morts en Espagne.
Je me souviens de l'égarement, du choc.
Je me souviens aussi de
l'adrénaline.
Je sais, pour avoir voulu exercer ce métier, que c'est excitant, ce qui va mal.
Mais...
Au-delà des exagérations que je relève dans les médias, je commence de mon côté à avoir des craintes.
Pour
mon pays.