Il se passe quelque chose, en ce moment, avec le cinéma. Il était bon (c'est pour ça que je l'aimais). Il est en train de devenir exceptionnel... Depuis Babel, je n'ai vu que des personnages attachants, des acteurs sublimes, des réalisateurs doués, des histoires poignantes. Bref: des films irréprochables. Mais où donc est passée l'imperfection? Que sont devenues les faiblesses? Qu'on nous les rende, merde!!! (à force, on finira par abandonner tout projet de courts-métrages...)
Après la chronique familiale douce-acide de Little Miss Sunshine, l'univers trouble de Joachim Lafosse dans Nue propriété apparaît comme une continuité intéressante. La famille s'y fait plus noire, plus grinçante, plus froide mais elle est, ici encore, habilement disséquée par un réalisateur qui nous renvoit en pleine face l'image d'un quotidien vrai, très vrai, tellement vrai qu'il en devient gênant. Les personnages sont attachants, dans leur noirceur comme dans leurs faiblesses. Ils sont beaux... parce que presque normaux. Irréprochable? Peut-être pas complètement. Le film est carré, très belge. Il a une humilité, une sobriété qui manque parfois un peu d'effusions. Mais cela ne l'empêche jamais d'être drôle et troublant, acide dans sa manière de dévoiler nos ennuis et nos doutes, nos envies d'ailleurs, nos barrières dans le présent. Et, rien que pour ça, je l'aime...
(Sinon, ma mère est tombée amoureuse des frères Rénier)
(Je crois que je peux la comprendre...)