dimanche, janvier 28, 2007

Nue Propriété


La salle était dissipée pendant les bandes-annonces et je songeais à ce concours. "Exprimez, sous forme de texte libre, votre rapport au cinéma et aux films à travers le thème suivant : la lumière". On dirait une question d'examen... J'ai pensé à l'attente. A l'excitation quand les lumières s'éteignent. Puis, j'ai revu quelques images. La Femme de Gilles et sa lumière "tableaux". In the mood for love, baigné dans le rouge. Le film a commencé au moment où Wong Kar-Wai s'imposait comme une évidence.

Il se passe quelque chose, en ce moment, avec le cinéma. Il était bon (c'est pour ça que je l'aimais). Il est en train de devenir exceptionnel... Depuis Babel, je n'ai vu que des personnages attachants, des acteurs sublimes, des réalisateurs doués, des histoires poignantes. Bref: des films irréprochables. Mais où donc est passée l'imperfection? Que sont devenues les faiblesses? Qu'on nous les rende, merde!!! (à force, on finira par abandonner tout projet de courts-métrages...)

Après la chronique familiale douce-acide de Little Miss Sunshine, l'univers trouble de Joachim Lafosse dans Nue propriété apparaît comme une continuité intéressante. La famille s'y fait plus noire, plus grinçante, plus froide mais elle est, ici encore, habilement disséquée par un réalisateur qui nous renvoit en pleine face l'image d'un quotidien vrai, très vrai, tellement vrai qu'il en devient gênant. Les personnages sont attachants, dans leur noirceur comme dans leurs faiblesses. Ils sont beaux... parce que presque normaux. Irréprochable? Peut-être pas complètement. Le film est carré, très belge. Il a une humilité, une sobriété qui manque parfois un peu d'effusions. Mais cela ne l'empêche jamais d'être drôle et troublant, acide dans sa manière de dévoiler nos ennuis et nos doutes, nos envies d'ailleurs, nos barrières dans le présent. Et, rien que pour ça, je l'aime...

(Sinon, ma mère est tombée amoureuse des frères Rénier)


(Je crois que je peux la comprendre...)


5 commentaires:

mlys a dit…

J'ai adoré également "Little Miss Sunshine", une pure merveille comme on en fait rarement. Cette petite famille si imparfaite et pourtant si réelle. Chaque personnage y est tellement attachant et tellement criants de vérité: le grand-père, la mère, le père, l'oncle, le fils et bien sûr la petite fille.

Dis-moi Phiphine, un film belge c'est comment ? Carré ? (je te taquine !)

"In the mood for love" ...c'est plus qu'un vague souvenir. Je suis allée le voir avec mon ex alors que je venais de le quitter et je me souviens encore de mes larmes au cinéma avec lui à mes cotés. J'ai prétendu que c'était le film qui me faisit pleurer...C'est donc un souvenir peu heureux qui me lie au film mais je l'adore quand même, surtout la magnifique BO.

Tu aurais dû aller chez Gladines ...c'est fort dommage que tu aies raté cette ambiance folle ! Allez à ton prochain passage à Paris, je t'y emmène pour un verre de sangria et tu verras que la Butte aux Cailles est le plus beau quartier de tout Paris. L'été, on prend l'apéro dehors sur le troittoir et on y dîne avec des inconnus mais ça vaut vraiment le détour! Une ambiance indescrptible...

Bons baisers de Paris.

Flower

Phiphine a dit…

Effectivement, la prochaine fois que tu quitteras quelqu'un... choisis une comédie (bien que ce soit plus difficile de justifier des larmes ;-))
Pour moi, ce film reste, à ce jour, l'histoire d'amour la plus subtile et poignante que j'ai vue. Je suis incapable de dire pourquoi. C'est un tout: images sublimes, musique parfaite et sentiments ciselés. J'adore!

Et ok pour la sangria sur la butte aux cailles! Ca me tente... Il arrivera certainement un moment où mon envie de reprendre le thalys atteindra un niveau comparable à celui qui caractérisait les 12-mois-avant et le juste-après-Paris. Je te tiendrai au courant.

Phiphine a dit…

("Ce film", dans mon comment = "In the mood for love"... "Little Miss Sunshine" (brillant et émouvant, effectivement) et "Nue Propriété" ne sont pas des histoires d'amour)

Anonyme a dit…

Bon, Delphine, je me décide à poster un mot sur ton blog... je ne sais pas trop si je pouvais le lire, mais après tout, ça sert à ça un blog et puis comme l'adresse apparait à côté de ton pseudo Messenger... ben voilà. Cela fait donc longtemps que je me dis:"Je vais lui laisser un mot". Je voulais juste te dire que j'admire (vraiment beaucoup) le style de ta prose (qui se rapproche parfois de la poésie). Je reste un peu sans voix devant ce talent...En plus tu devrais être critique de films, au cas où tu n'y aurais pas encore pensé (mais vraiment au cas où car je doute que ce soit possible)... Bref, félicitations!!!

Phiphine a dit…

C'est adorable, ton mot, Shirley. C'est vrai que j'ai laissé négligement l'adresse de ce blog sur msn pendant tout un temps. Sans doute parce que j'avais pris goût, à Paris, au fait d'être lue par des gens qui me connaissaient bien (ce qui était une nouveauté, pour moi) Résultat: j'ai beaucoup de lecteurs "inattendus" qui font vraiment plaisir à découvrir. Merci beaucoup!
J'espère que tu vas bien, au fait, et qu'on aura l'occasion de se voir très vite.
(Ah oui et... critique... j'y ai pensé. Mais les places sont rares et chères... ;-)